Les Assises romandes de liturgie

Vendredi 11 novembre 2011, à Yverdon, a eu lieu la première édition des Assises romandes de liturgie. Il s’agit en fait d’un colloque de liturgie qui était organisé par l’Université de Neuchâtel, l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud et la revue «Vie et liturgie». Le thème de la manifestation était «des laïcs en chaire?». Relevons-en un aspect.

Le professeur Raphaël Picon, de l’institut protestant de théologie de Paris, a présenté le modèle de l’Eglise réformée de France. Dans cette Eglise très disséminée, les prédicateurs laïcs sont très nombreux… et les pasteurs rares. De par son identité et sa dynamique d’Eglise persécutée, l’ERF a très peu le goût de l’institution. C’est au point que la théologie du professeur Picon laisse peu de place au ministère pastoral. «Le ministère pastoral ne doit pas se définir par une exclusivité quelconque» a-t-il dit. Le pasteur n’est donc pas celui à qui certaines missions précises (on ne parle pas de privilèges!) sont réservées; c’est un simple paroissien professionnel.

Dans l’ERF, cette théologie des ministères très horizontale permet de former chaque année des dizaines de prédicateurs laïcs – lesquels non seulement prêchent mais également conduisent le culte. Qu’autant de personnes se forment théologiquement est une fort belle chose. Mais cette horizontalité est par ailleurs source de désordre car elle néglige le besoin d’autorité dans l’Eglise. Que des chrétiens refusent la primauté de juridiction de l’évêque de Rome, c’est entendu. Faut-il pour autant tomber dans un égalitarisme sans limite? Tout militaire sait bien que lorsque l’exercice de l’autorité n’est pas formalisé, ce sont les «chefs informels», dénués de légitimité, qui s’imposent. Les Eglises protestantes sont connues pour constituer des milieux propices aux conflits. Ce fait ne peut-il pas être mis en relation avec une théologie des ministères défaillante?

Quel est le propre du ministère pastoral? Comment s’exerce, au quotidien, l’autorité dans l’Eglise? Ce sont les questions lancinantes auxquelles on voudrait que les Eglises de la Réforme donnent une réponse claire, satisfaisante et juste.