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Et l’international?

Cédric Cossy
La Nation n° 2001 19 septembre 2014

On reproche souvent la part congrue laissée à la politique internationale dans les colonnes de La Nation. Les médias traditionnels, au contraire, débordent des détonations de multiples conflits mondiaux, de crises gouvernementales, d’élections – qu’elles soient supposées démocratiques ou truquées –, de comptes-rendus sur l’avancée de la démocratie. Pourquoi montrer si peu d’intérêt pour cette passionnante actualité?

La première raison tient à la vocation de notre journal: un commentaire sur les élections brésiliennes, sur les affrontements de rue en Thaïlande ou à Ferguson n’apportera rien à la communauté vaudoise, trop différente pour en tirer d’utiles leçons. Un reportage, même d’une parfaite objectivité, sur une zone de conflit ne changera rien ni aux desseins des belligérants, ni aux souffrances des victimes (il ne s’agit pas de nier leur misère) ou à la vie quotidienne de nos lecteurs. Le seul intérêt à commenter de tels événements est de prévoir, si possible, leurs retombées pour la Suisse et le Canton. Ainsi, plutôt que de nous réjouir de l’éclosion du printemps arabe, nous avions prédit un nouvel afflux de boat people africains via le Sud de l’Europe.

Pour nos rédacteurs bénévoles, il n’est pas possible de disposer d’informations fiables et vérifiables. Doit-on reprendre, comme nombre de journaux, les communiqués d’agences rédigés par des journalistes souvent logés à cent kilomètres des événements relatés (le courage des correspondants de guerre a pourtant toute notre admiration), recueillant des informations grâce à des interprètes et guides qui ne sont pas forcément objectifs ou libres de l’être? Malgré les centaines de pages noircies sur l’Ukraine ces six derniers mois, que sait-on vraiment de la situation sur place? Qui peut en prédire l’issue? Que conclure du désordre montré dans des vidéos ou photos d’amateurs que l’on nous sert au journal télévisé? Concrètement, nous n’arrivons à comprendre que les manifestations indirectes de ce désordre: un long courrier civil abattu, des sanctions économiques internationales contre la Russie, le report de la visite de M. Schneider-Ammann en Russie. Cette mécompréhension de l’information brute contribue elle aussi à nous restreindre aux possibles conséquences, pour nous Vaudois, de ces événements lointains.

Lors de conflits, il y a des salopards et des gens d’honneur dans chaque camp. Nous évitons ainsi d’apprécier la légitimité de l’action de telle ou telle faction. Chaque fois que nous l’avons fait, nous avons eu à le regretter. Il y a quelques années, deux de nos rédacteurs avaient écrit plusieurs articles pour mettre en lumière certaines manipulations de l’opinion internationale à propos de la Serbie. On les dénonça sous le motif d’avoir nié certaines exactions attribuées officiellement à l’armée serbe. L’affaire déboucha sur un non-lieu. Mais l’énergie et l’argent que nous a coûtés cette affaire étaient complètement disproportionnés. Et nous avions de surcroît pris le risque de diviser nos lecteurs sur une affaire où nous n’avions pas la moindre prise.

Notre relation à l’étranger est analogue à celle du corps avec son environnement: ce sont les échanges, les accords, les agressions que la peau du Pays entretient et subit. Il faut parfois qu’il se couvre contre le mauvais temps, qu’il se prémunisse contre certains microbes législatifs étrangers (voyez FATCA) ou qu’il les combatte, à l’instar du Cassis-de-Dijon, lorsqu’il est infecté. Ce domaine d’investigation journalistique suffit largement aux colonnes de La Nation sans qu’il soit nécessaire de commenter des faits qui ne nous concernent pas.

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