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Faire simple, bien et bon marché

Jean-François Cavin
La Nation n° 2028 2 octobre 2015

Rien n’est trop beau pour nos bambins. Dans les crèches, pour langer, moucher et distraire les petits, il faut s’assurer la présence de diplômés ayant suivi le long cursus d’une Haute Ecole; lorsqu’il fut question de confier ces tâches, que les grandes sœurs accomplissaient tout naturellement jadis, à de «simples» titulaires d’un CFC ad hoc (trois ans de formation quand même!), les spécialistes en provenance des Hautes Ecoles crièrent au scandale. Quant aux «mamans de jour», même expérimentées, il leur fallut suivre des cours pour réapprendre ce qu’elles avaient fort bien fait avec leurs propres enfants.

Pour les plus grands, voici maintenant la saga de l’accueil parascolaire. Une initiative lancée par des politiciens bourgeois désireux de paraître modernes a fait inscrire dans la Constitution vaudoise, en 2009, que l’école à journée continue devait être instaurée, avec ce que cela suppose pour héberger et nourrir les élèves en attendant le retour dans les familles. Et depuis lors, les communes n’en finissent pas de chercher le moyen de se plier à cette exigence sans obérer leurs finances. Car les coûts sont très élevés: on parle de 400 millions aujourd’hui et de 650 millions quand tout le dispositif devrait être en place, pour les crèches et l’accueil parascolaire. En outre, afin d’atteindre une «masse critique» justifiant des installations onéreuses, il faut envisager des regroupements scolaires supplémentaires.

Cette pression fait gémir les communes, qui assument plus de 40% de la facture. Leurs associations, l’Union des communes vaudoises et l’Association de communes vaudoises, se sont pour une fois alliées afin de négocier avec l’Etat une augmentation de sa participation, qui passerait de 10% à 16% des coûts globaux. La démarche est liée à la réforme de l’imposition des entreprises (RIE), qui entraînerait de grosses pertes pour les communes dans leur ensemble, lesquelles cherchent donc à obtenir à la fois une compensation pour la diminution des recettes et un allègement pour l’accueil parascolaire. Mais l’Etat est dur à la détente.

Du côté des employeurs, qui ont volontairement offert une contribution substantielle pour les crèches et garderies il y a une dizaine d’années, les perspectives ne sont pas roses non plus. Car ils sont pris en otages par le régime rad-soc qui veut les obliger à doubler cette contribution, en échange de l’allègement fiscal de la RIE dont certains (certains seulement!) bénéficieraient. Le patronat ne devrait pas être soumis à une nouvelle ponction sans que des garanties lui soient données quant à l’évolution future du dossier et à l’organisation de l’accueil de jour.

Mais au fond, au lieu de se battre autour de la répartition des frais, pourquoi ne pas chercher à diminuer la facture? On peut être assuré que les réalisations officielles, telles que conçues aujourd’hui, supposent des infrastructures importantes, obéissant à des listes interminables de normes bureaucratiques et entraînant des regroupements scolaires eux-mêmes ruineux.

Faisons simple! Les Paysannes Vaudoises (dont la plupart ne sont pas des agricultrices, mais de bonnes mères de famille qu’on trouve par dizaines en tous lieux) font des miracles à la cuisine. Demandons-leur, contre rétribution modérée, de préparer dans chaque village pourvu d’une école de grandes tartines, de belles soupes aux légumes, des haricots frais en été, secs (c’est encore meilleur) en hiver, des potées de choux avec du lard, des salades du jardin et de temps à autre, luxe suprême, des taillés aux greubons. Pour les locaux, il y a pratiquement dans chaque commune une grande salle, ou un battoir désaffecté, ou une vaste grange inoccupée qui feraient parfaitement l’affaire, au prix parfois de transformations légères. Elles ne seraient pas toujours aux normes? Eh bien, changeons les normes! Et faisons confiance aux gens de l’endroit.

Il serait bien d’apprendre à nos enfants que le pays ne doit pas étouffer sous le perfectionnisme administratif.

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