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Oeuvres inconnues ou méconnues

Jean-François Cavin
La Nation n° 2217 30 décembre 2022

L’Oratorio de Noël, c’est entendu, on ne s’en lasse pas. Mais quand il est à l’affiche au moins une demi-douzaine de fois aux quatre coins du Canton, on est aussi heureux d’entendre autre chose. A cet égard, les concerts d’«Organopole», à Saint-François, ont apporté une diversité bienvenue. En voici deux exemples parmi d’autres.

Les Vocalistes romands, menés par Renaud Bouvier, ont présenté de la musique vénitienne de cori spezzati (chœurs séparés) en plaçant les voix, comme à Saint-Marc et dans d’autres églises, sur plusieurs tribunes (avec plusieurs orgues), se répondant au fil de pièces des maîtres du XVIe siècle finissant et du XVIIe siècle. En conclusion splendide de la série, le chœur Pro Arte nous a offert Finzi et Poulenc, avec Benjamin Righetti à l’orgue, Laurence Guillod et Jean-Luc Waeber en solistes, et Pascal Mayer à la baguette.

Gerald Finzi, vous connaissez? Comme son nom ne l’indique pas vraiment, c’est un Anglais d’origine juive, dont on entendait une œuvre inspirée, fort chrétiennement ma foi, par la nuit de la Nativité, avec anges et cloches. Excellente musique, très britannique avec une ambiance de solennité confortable, et aussi de joyeuse spontanéité.

Quant à Francis Poulenc, son Concerto pour orgue, orchestre à cordes et… timbales (il faut bien s’appeler Poulenc pour proposer un tel assemblage) est d’une inventivité constante. Et son Gloria est un chef-d’œuvre; le compositeur ne se préoccupe pas trop de l’unité de style: on y passe d’accents solidement jubilatoires à des mélismes quasi grégoriens, de tumultes saccadés – presque du swing – à de longues tenues extatiques. Mais la personnalité, l’originalité, la vitalité du compositeur sont si fortes que tout cela s’enchaîne sans un moment de faiblesse.

Le XXe siècle regorge d’œuvres captivantes. La vilaine aventure des dodécaphonistes et de leurs épigones, qui ont dominé la scène tout en imposant un répertoire asséché, a trop éclipsé les réussites de leurs contemporains. Quelle joie que de les découvrir ou de les retrouver!

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