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F-35: un choix technique plus que diplomatique

Jean-François Pasche
La Nation n° 2217 30 décembre 2022

Le 16 novembre 2021, la Commission de gestion du Conseil national décidait d’étudier en détail la procédure d’acquisition du nouvel avion de combat. Pour rappel, les Suisses avaient approuvé ce projet par votation en automne 2020, sans toutefois que le type d’avion soit connu. En juin 2021, le Conseil fédéral annonçait qu’il avait choisi le F-35 de l’américain Lockheed Martin pour remplacer nos désormais vénérables F-18. Cela fit couler de l’encre. Le fait que l’on choisisse américain fut pris comme prétexte par les organisations politiques suisses anti armée (le GSsA et le parti socialiste).

La manœuvre consista, d’une part, à présenter ce choix comme un camouflet diplomatique adressé à la France et à l’Allemagne, toutes deux en lice de sélection, avec le Rafale et l’Eurofighter respectivement. Une occasion manquée de montrer la bonne volonté de la Suisse envers l’Europe! a-t-on pu entendre. D’autre part, les opposants à l’avion tentèrent d’aviver le mécontentement des citoyens favorables à l’armée, mais méfiants envers les Etats-Unis, en s’essayant maladroitement aux considérations d’aéronautique militaire. Plus concrètement, l’alliance contre l’armée lançait l’initiative populaire «STOP F-35».

Toutefois, cela ne prit pas si bien. Voyant que l’affaire ne pouvait pas traîner plus sans mettre en danger les capacités opérationnelles de notre armée, le Conseil fédéral signait le contrat d’acquisition avec les Etats-Unis le 19 septembre dernier, quelques jours après l’approbation formelle du Parlement. Le jour suivant, l’initiative populaire «STOP F-35» était retirée.

Quant aux analyses de la Commission de gestion du Conseil national, elles ont été publiées le 9 septembre. Premièrement, elles relèvent que la procédure d’acquisition a été menée en pleine conformité au droit suisse. La commission déplore cependant que le Conseil fédéral ait décidé d’emblée, c’est-à-dire dès le début de la procédure en 2017, de réduire sa marge de manœuvre lors du choix final en donnant la prépondérance aux critères techniques. Le rapport explique que les achats d’armements laissent plus de libertés en termes de règles d’attribution des marchés publics que les autres types d’achat. Ainsi, le Conseil fédéral aurait pu décider d’octroyer une importance bien plus grande aux considérations diplomatiques. La Commission de gestion le regrette.

Quant à nous, nous doutons que cette décision d’achat ait vraiment vexé l’Europe. L’Italie, la Belgique, la Hollande, la Finlande, le Danemark, la Norvège, la Pologne et même l’Allemagne sont aujourd’hui acheteurs du F-35. Acheter F-35 est donc une tendance très européenne et, comme le souligne indirectement le rapport de la Commission de gestion, un choix technique cohérent.

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