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L’Echelle

Daniel Laufer
La Nation n° 2217 30 décembre 2022

A la manière de Philippe Jaccottet

 

Je descendais l’escalier (ou peut-être le montais-je) pour atteindre cet espace immatériel entre la cave et le grenier, et chaque marche, ou pour mieux dire chaque degré m’invitait, dans un imperceptible arrêt, à une pause qui me paraissait infinie et comme occultée par l’ombre insaisissable de la cage. Je songeais dans ces moments qui devaient plus tard traverser ma mémoire comme l’oiseau qu’encadre ma fenêtre, à la pure et limpide substance d’un ciel presque divin, que l’on ne pourrait jamais atteindre vraiment, en raison de ce nombre non seulement infini, mais, si j’ose le dire, ce nombre en quelque sorte aérien, donc incalculable, de marches. J’y voyais comme l’image de la transcendance, celle-là même qu’a dû percevoir Jacob, me demandant alors s’il avait diaboliquement tenté de la gravir, poussé par l’envie d’être un dieu, et comment il l’avait redescendue.

Et moi donc, ne devrais-je pas tenter non point de m’élever dans cet azur proprement inaccessible, mais au contraire descendre, me laisser aller, me laisser emporter vers le bas, pour accepter l’épreuve d’un enfer élyséen, ou si l’on préfère, un paradis satanique où les effluves enivrants répandus par le vin d’une bouteille cassée transforment ma cave, la sacralisent en un temple païen?

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