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Pamoison de la gauche devant les gros bénéfices et les forfaits fiscaux

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2237 6 octobre 2023

La politique vaudoise s’attaque, enfin, à la perspective d’une baisse des impôts dans le Canton. Après une bonne quinzaine d’années où les comptes de l’Etat ont bouclé sur de coquets bénéfices, chacun commence à se rendre compte que les pouvoirs publics n’ont pas vocation à thésauriser de l’argent qu’ils n’utilisent pas et qu’il est donc temps d’alléger la charge des contribuables, laquelle est nettement plus lourde ici que presque partout ailleurs en Suisse.

Chacun… sauf à gauche de l’échiquier. Car le socialisme aime instinctivement les gros bénéfices, s’ils sont publics, et considère que toute forme de richesse, jusqu’à la moindre piécette, doit naturellement revenir à l’Etat. Les poches des contribuables sont mieux ajustées lorsqu’elles restent vides.

Voyant qu’ils seraient obligés de lâcher un peu de lest, les politiciens de gauche ont alors soutenu mordicus l’idée d’un rabais non pas linéaire, mais forfaitaire, à hauteur de 112 francs pour tout le monde. Car le socialisme, fondamentalement, aime aussi les forfaits fiscaux… du moins tant qu’il s’agit de rendre. S’il s’agit de prendre, c’est le contraire: non seulement le taux d’imposition doit être (très) progressif en fonction du revenu, mais il faudrait aussi que les «riches» paient des primes d’assurance-maladie proportionnelles à leur aisance financière, et aussi, si cela était possible, que leur baguette de pain, leurs chaussures, leur essence ou leurs billets de concerts leur soient facturés en pour-cent de leur salaire. Sauf qu’ici il est question de rembourser aux contribuables aisés ce qu’ils ont payé en trop: dans ce cas, seul le forfait est acceptable. Celui qui paie 300 francs d’impôt par année verrait ainsi sa charge fiscale diminuer de plus de 30%, tandis que celui qui en paie entre 30’000 et 40’000, en contribuant largement à la richesse de l’Etat, ne recevrait qu’une aumône de 112 francs – des clopinettes, pour ne pas dire des cacahuètes; une véritable «gifle», pour reprendre une expression chère à la presse. Telle est la justice sociale.

Il est vrai, à leur décharge, que les politiciens qui s’expriment sur des questions fiscales ne sont pas tous des experts en cette matière. Les notions sont complexes, le vocabulaire est technique. On a vite fait de dire n’importe quoi. Pourquoi alors ne pas suggérer un modèle résolument novateur, un véritable changement de paradigme: la déductibilité intégrale du revenu imposable pour les familles monoparentales sans enfant. Qui sait: sur un malentendu, ça pourrait marcher.

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