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Machiavel

Laurent Paschoud
La Nation n° 1976 20 septembre 2013

Machiavel est un homme politique florentin de la Renaissance. Il a été diplomate et lecteur des Anciens. Ces deux éléments sont à la base de ses réflexions.

Ses deux œuvres principales sont Le Prince, destiné à Laurent de Médicis, et Les Discours sur la première décade de Tite-Live, dédiés à un de ses amis intellectuels.

Le Prince présente les idées de Machiavel du point de vue de celui qui est Prince et veut le rester. Les Discours montrent quant à eux que le but est le bien commun et qu’en maintenant un bon régime on y parvient.

Fortune et vaillance

Il y a deux facteurs. La fortune est l’élément de hasard et peut être soit positive soit négative. Celui qui se fie principalement à la fortune peut accomplir de grands projets (devenir prince, dominer la politique de sa cité, etc.), mais tout ce qu’il aura accompli peut être défait très rapidement.

Si l’on savait changer de comportement, on serait en tout temps favorisé par la fortune. Mais les habitudes et notre caractère sont des obstacles que l’on peine à surmonter.

La vaillance est une qualité morale. Celui qui la possède va essayer de dominer la fortune en agissant, en étant persévérant face aux coups imprévus. Cependant, il n’est pas possible de s’affranchir totalement de la fortune. Celle-ci ne devrait être que l’occasion pour la vaillance de se manifester.

Machiavel prône l’action. Il n’est rien de pire que de ne pas prendre position, que de laisser faire. Là se manifeste la fortune.

Raison d’Etat

Afin de garantir les intérêts de l’Etat, il faut parfois savoir ne pas respecter les accords. Machiavel ne prône pas l’immoralité et répète qu’il est mieux de pouvoir se comporter moralement. Mais il a pu observer que, pour la sauvegarde de l’Etat, il faut savoir ne pas respecter sa parole en cas de réelle nécessité.

Il vaut mieux être craint qu’aimé, cruel que miséricordieux. A être trop miséricordieux, on laisse se développer les problèmes d’ordre public conduisant à l’augmentation de la criminalité, ce qui ne profite qu’à un petit nombre et est défavorable aux autres. En sachant user de la cruauté – en faisant des exemples –, on est plus efficace à lutter contre de mauvais comportements. On est finalement plus miséricordieux en sachant user de cruauté.

Machiavel affirme que le mieux serait le juste milieu entre amour et crainte. Mais cela étant trop difficile, il est préférable de choisir l’un ou l’autre. Pour lui, les demi-mesures sont néfastes.

Cependant, il pense la chose politique de manière circonstancielle. Si Machiavel affirme qu’il vaut mieux être craint, il n’en fait pas une question de principe. Le plus souvent ce sera le bon comportement. Mais la fortune est changeante: ce qui est utile à un moment pourrait ne pas l’être dans une autre circonstance. Il faut garder à l’esprit les principes, mais les accommoder parfois aux circonstances.

Les partis sont la ruine d’un Etat – quel que soit son type de gouvernement. Ils entretiennent la division et cela ne peut pas apporter du bien.

Lois

Là où règne le bien moral, les lois ne sont pas indispensables. Mais tout se corrompt; il faut prévoir des lois sévères et supposer que tous les gens sont mauvais, même si on ne voit pas forcément pourquoi des citoyens agiraient mal. L’objectif des lois est de contraindre les gens à bien agir. Machiavel affirme que, si on peut mal agir sans conséquence, on aura tendance à le faire.

Religion La religion est ce qui maintient le peuple bon et uni. Un Etat décadent perd en premier lieu le respect du Divin. C’est pourquoi il faut favoriser en tout la religion, quand bien même il faudrait soutenir le faux pour ce faire.

Il faut protéger la religion de toute corruption. La religion est un outil politique. Mais il est fragile. Si la politique en prend le contrôle, la piété va disparaître car, dès la supercherie connue, l’incrédulité remplacera la piété.

Relations internationales

Pour Machiavel, il ne faut pas céder par la crainte de la force, mais seulement après avoir été vaincu par cette force. A céder sans résister, on est déconsidéré et condamné à toujours céder plus. Les voisins ne seront pas prompts à aider. Ils seront même tentés de menacer à leur tour pour obtenir ce qu’ils veulent.

Au contraire, céder à cause de la force en ayant préparé sa défense apporte de l’estime; ceci peut même susciter chez les voisins le désir d’aider.

Armée

Machiavel est opposé à une armée professionnelle, car on ne peut pas sélectionner ses éléments. On compte sur les volontaires, qui ne sont pas forcément assez nombreux. Ceux qui ont les moins bonnes mœurs seront ceux qui veulent devenir soldats de métier, ce qui conduit à une mauvaise armée. De plus, il y a plus de risques qu’une armée professionnelle prenne le pouvoir qu’une armée de milice.

Machiavel est donc pour la milice. Pour le recrutement, il faut qu’il n’y ait ni totale liberté – cela revient au même qu’une armée professionnelle –, ni totale contrainte: c’est le respect des institutions qui doit pousser à faire son service militaire. Cette contrainte doit être mêlée de liberté pour éviter un trop grand mécontentement des appelés.

Pour le recrutement, le principal critère – avant la condition physique – est la personnalité. Le soldat doit être «honnête et sensible à la honte».

Une milice importante vaut mieux qu’une milice réduite. Cela permet d’employer un nombre important ou non d’hommes. Si on veut employer les meilleurs, il vaut mieux tous les avoir entraînés et observés pour les identifier.

Il vaut mieux corriger les défauts de la milice que de blâmer le système. La milice est unificatrice.

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