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75 ans de la paix du travail

Antoine Rochat
La Nation n° 1976 20 septembre 2013

Le 30 octobre 2012, un important colloque s’est tenu à Tolochenaz, au siège de la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE), pour évoquer les 75 ans de la paix du travail en Suisse.

Un livre vient de sortir de presse, pour rendre compte de ce colloque. Il rappelle les caractéristiques et l’utilité du dialogue social helvétique.1

La place nous manque pour relater ici toutes les contributions de cet ouvrage dense et intéressant. Nous nous contenterons d’une présentation succincte et d’une évocation de quelques aspects particuliers.

La première partie du livre donne la parole à plusieurs dirigeants. MM. Ambrosetti (syndicat UNIA), Matthey (FER Genève), Reymond (Centre Patronal) et Zünd (FVE), ainsi que Mme Isabelle Rochat, conseillère d’Etat genevoise, soulignent chacun à sa manière l’importance de la paix du travail, du partenariat social, des conventions collectives et de l’art de la négociation.

Dans une deuxième partie plus théorique, des historiens et des économistes tentent de préciser les caractéristiques de la paix du travail en Suisse.

Sous le titre «La paix du travail: la dimension sociale du compromis helvétique?», M. Olivier Meuwly, historien, présente notamment les débuts des préoccupations sociales dans la seconde moitié du XIXe siècle, la grève générale de 1918 et la convention collective de l’horlogerie, signée le 15 mai 1937. M. Meuwly conclut en relevant que la paix du travail est «l’un des ressorts essentiels du système suisse».

MM. Degen (historien), Kappeler (économiste), Flückiger (professeur) et Tolone (médiateur) mettent en évidence différents avantages des conventions collectives de travail (CCT), en particulier sous l’angle économique.

La troisième partie du livre donne la parole à des praticiens des négociations collectives. MM. Ferrari (UNIA) et Scherer (Centre Patronal) évoquent la gestion paritaire des institutions sociales. M. Lurati (secrétaire syndical) et Mme von der Weid (secrétaire patronale) parlent de la politisation du dialogue social. Mme Fatton (secrétaire patronale) et M. Fedele (secrétaire syndical) déplorent tous deux la tendance à la désyndicalisation, tant du côté des patrons que de celui des employés, avec les problèmes de représentativité qu’elle entraîne. M. Vidoudez, secrétaire patronal, évoque l’évolution culturelle des patrons, du patriarche au manager, et quelques-unes des menaces qui pèsent sur la paix du travail.

Enfin, Mme Sophie Paschoud, secrétaire patronale, fait la synthèse de l’ouvrage dans une série de remarques conclusives. Le colloque et la publication sont un signe positif de la vitalité de la paix du travail. L’individualisme, la politisation et la couverture trop faible des CCT sont des menaces pour cette institution helvétique si particulière, fondée sur de subtils équilibres.

En définitive, la paix du travail mérite d’être entretenue régulièrement. A cet égard, nous faisons nôtre la conclusion de l’article précité de M. Vidoudez:

La paix du travail, le partenariat social et les conventions collectives pratiquées en Suisse sont des institutions uniques au monde. Elles sont autant d’outils privilégiés dans un microcosme lui-même privilégié. Il appartient à nos associations respectives de continuer à les faire connaître et à les pratiquer au quotidien – sous peine de les voir disparaître – afin de garantir à notre pays, pour le futur comme au cours des septante- cinq dernières années, un juste équilibre économique, politique et social.2

Notes:

1 75 ans de la paix du travail, sous la direction d’Olivier Meuwly, Genève 2013, Editions Slatkine, 160 p.

2 Pierre-Michel Vidoudez, secrétaire patronal FVE, «L’évolution culturelle du patronat», op. cit., p. 142.

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