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Un lion controversé- Les Marches du Pays

Cosette Benoit
La Nation n° 1976 20 septembre 2013

Profitant du soleil de la dernière journée du mois d’août, une troupe de marcheurs a découvert un nouveau coin de pays, sous la houlette d’Alexandre Pahud. Pour la douzième Marche du Pays, l’organisateur me confia avoir été «victime de son succès». Les sentiers chablaisiens virent en effet défiler un nombre important de membres et amis de la Ligue vaudoise aux couleurs du drapeau de notre mouvement, suspendu au sac du président.

A la gare de Lausanne, à des heures bien matinales, M. Delacrétaz fait des pronostics sur ceux qui ont dû rester au fond du lit. Toutefois, nous retrouvons les accusés à la gare d’Aigle au moment d’emprunter le petit train qui nous mène jusqu’à la Barboleusaz, en dessus de Gryon, où nous prenons la télécabine des Chaux. Avant d’ouvrir la marche, l’organisateur nous fait admirer le panorama et les sommets alpins environnants. Il nous présente l’itinéraire sur la carte et menace les têtes de linotte qui n’ont pas réservé de place à l’auberge d’être privées de repas de midi.

Le sentier descend en pente douce dans d’agréables pâturages et petits bois. Nous passons par le chalet de la Mérine et poursuivons sur le hameau de Solalex avant de suivre le cours de l’Avançon d’Anzeindaz au fond de la vallée. Une petite montée nous offre un joli coup d’œil sur la vallée de Solalex et sur le Massif de l’Argentine que nous aurons l’occasion d’admirer sous tous ses angles au fur et à mesure des foulées. De ce côté-ci, nous observons le Miroir d’Argentine, une face calcaire presque verticale, prisée des varappeurs. Ce n’est pas au pays du même nom que le massif doit son appellation, mais aux reflets argentés de son imposante face rocheuse.

Pour rejoindre Anzeindaz, il faut gravir quelques centaines de mètres; la halte de midi doit se mériter! L’alpage se situe au bout d’un plateau herbeux qui s’étend jusqu’au col du Pas-de-Cheville, au-dessus de Derborence. Les pique-niqueurs trouvent un lieu confortable entre quelques rochers au début du plateau. Alors qu’au Refuge de la Tour, non loin de là, la majorité du groupe jouit d’un repas copieux sans craindre de devoir le céder à un hôte intrusif et bestial, un cheval se met en tête de venir troubler la tranquillité du pique-nique bucolique en finissant le repas d’un des participants peu enclin à se mesurer à l’imposant animal pour récupérer sa subsistance. L’incident passé, nous retrouvons le groupe pour le café avant de reprendre la route vers le Sud en direction du Col des Essets.

Le col franchi, nous descendons dans le vallon sauvage de La Vare qui longe le versant sud du Massif de l’Argentine. Tout comme dans les rues de Buenos Aires, nous nous faisons siffler sur notre passage. Cependant, ce ne sont pas les Argentins qui signalent les charmes des femmes du groupe, mais les marmottes qui avertissent de notre présence. Les marcheurs les plus prévoyants ont pensé aux lunettes d’approche qui leur permettent d’observer les petits occupants effarouchés.

Près du hameau de La Vare, notre organisateur bifurque à droite et nous fait grimper sec jusqu’au replat dit «Sur Champ». C’est là que les choses sérieuses commencent. Alexandre Pahud nous présente en quelques mots le passé médiéval d’Anzeindaz et de Bovonne, alpages déjà mentionnés au XIIIe siècle. Les communes de Bex et d’Ollon se disputèrent le contrôle d’Anzeindaz durant tout le Moyen Age, et même au-delà. Ces conflits, relatifs au pâturage des troupeaux, ont laissé quelques traces qui ont permis à notre organisateur médiéviste de nous conter une tranche d’histoire de la région. C’est à ce moment-là qu’un désaccord intervient également entre nous à propos du fameux Lion d’Argentine qui s’élève en face du replat où nous faisons notre pause. Selon l’organisateur, l’animal s’impose à l’œil du promeneur, alors que l’accompagnateur n’y voit qu’un gros rocher avec des taches d’herbe. Le roi des animaux ne parvient pas à remporter tous les suffrages et un des participants lance l’idée de créer deux groupes Facebook: pour ou contre le Lion d’Argentine.

Le soleil est déjà bas dans le ciel et il nous reste deux heures et demie de descente pour rejoindre la gare de Gryon et ainsi boucler le trajet. Dans la lumière rasante, nous longeons un flanc herbeux et la pente s’accentue pour rejoindre Bovonne en contrebas. Quelques membres du groupe commencent à boitiller, les longues heures de marche se font sentir et les articulations n’apprécient guère cette longue descente. Plus bas en altitude, nous retrouvons les forêts et quittons la douce lumière de cette fin de journée d’été.

Il fait tout juste nuit lorsque nous rejoignons Gryon. Il y a encore un train pour rentrer! Notre organisateur a bien géré l’horaire malgré la difficulté que lui a posé le nombre important de marcheurs au rythme inégal. Le petit troupeau est au complet, le Lion d’Argentine n’a eu raison d’aucune brebis grâce à l’attention constante de l’accompagnateur Michel Pahud, qui a rassemblé les brebis et a veillé à ce qu’aucune ne s’égare.

Il est 22h15 lorsque nous arrivons à Lausanne, fourbus de fatigue après «7h30 de marche effective», comme nous en prévenait la circulaire. Nous sommes néanmoins comblés et reconnaissants aux deux Pahud pour cette belle excursion à la découverte de notre Pays.

 

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