Une abbatiale à l’influence particulière
Entrer dans ce qui était autrefois l’église abbatiale de Cluny, dans le département de Saône-et-Loire en Bourgogne, c’est se balader dans des échos du passé. Notre imagination reprend là où les murs ont disparu, celle-ci ne rendant que plus éloquente encore la grandeur de ces lieux, particulièrement puissants à partir de la fin du Xe siècle. La cathédrale fut éventrée pour en faire une carrière de pierre, après que l’abbatiale eut été vendue lors de la Révolution française. L’ordre de Saint-Benoît auquel appartenait l’église de Cluny fut alors démantelé partout en France. Ses murs n’y survécurent pas, ou du moins qu’en partie. Qu’à cela ne tienne, rares sont les lieux culturels historiques qui vous transportent avec autant de force.
Ce monastère fut fondé en 909 par Guillaume Ier d’Aquitaine. Il s’avéra l’heureux bénéficiaire d’une première donation attestée par acte juridique, qui ne fut autre que l’abbaye de Romainmôtier. Léguée le 14 juin 928 par la comtesse Adélaïde, épouse du premier duc de Bourgogne Richard le Justicier, son ordre testamentaire ne fut cependant pas suivi. Il fallut attendre les années 980 pour que ce monastère, positionné de manière stratégique dans un contrefort jurassien, rejoigne effectivement l’abbaye de Cluny.
L’ordre clunisien s’épanouit jusqu’à être présent aux quatre coins de l’Europe médiévale. A la fin du XIe siècle, près de 1400 dépendances faisaient partie de son réseau. En Suisse, son influence s’étendit au sein du triangle Genève-Berne-Bâle, jusqu’à ce que la Réforme vienne mettre un terme à cette expansion.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Communauté fantasmée – Editorial, Félicien Monnier
- Un agenda lilas pastel et autres couleurs – Jean-Blaise Rochat
- Nouvelles règles de transparence pour le financement de la vie politique – Pierre-Gabriel Bieri
- Michel Corboz (1934-2021), la passion de la voix – Frédéric Monnier
- Le virus diviseur – Olivier Delacrétaz
- F-35 et fausse rétroactivité – Jean-François Cavin
- La lutte finale n’en finit plus – Jacques Perrin
- Occident express 90 – David Laufer