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Un agenda lilas pastel et autres couleurs

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 2184 24 septembre 2021

Cette année, l’agenda des classes de 9e à 11e (les trois dernières années de l’enseignement obligatoire) présente en quatrième page de couverture une construction graphique où sont représentés schématiquement l’art, la culture, le droit, la nature. Figurent aussi les couleurs arc-en-ciel du militantisme LGBTQIA+. Ce pictogramme a déclenché une polémique relayée par les médias. Le simple fait qu’il y ait dissension sur ce sujet, chez les parents, les élèves, les enseignants, est une raison suffisante pour condamner sa présence sur un document de transmission d’informations scolaires. C’est une mauvaise action, non principalement par la cause défendue, mais parce que l’Ecole n’a pas pour vocation première d’être le panneau d’affichage des choix sociétaux du Département.

Cesla Amarelle, cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, impose son militantisme avec un aplomb parfaitement décomplexé: «Le pictogramme ne fait que signifier l’engagement du Département dans ce domaine.» Elle, ses bureaux et l’Association de parents d’élèves prétendent «relancer le débat». Quel débat? C’est un «plan de lutte contre l’homophobie et la transphobie». Il n’y a donc pas de débat, mais l’introduction en force d’une leçon de morale.

Une école idéologiquement neutre est une utopie. Qu’elle soit laïque, religieuse, démocratique, totalitaire, elle véhicule les dogmes des sociétés qui la fondent. Chaque société est établie sur ses préjugés que son école reflète avec fidélité. Pendant longtemps, l’école vaudoise a cultivé, avec plus ou moins de bonheur, une stricte neutralité politique, se concentrant sur sa mission principale: la transmission du savoir. Le carnet journalier, devenu agenda de l’élève, servait exclusivement à la communication entre les enseignants et les parents.

Aujourd’hui, l’Ecole est devenue le terrain privilégié de diverses propagandes adroitement déguisées en «préventions». Ces programmes sont inscrits dans le changement de désignation du Département, dit autrefois «de l’instruction», devenu «de la formation». Bien sûr, l’instruction contribue à la formation, comme la vie en famille, les voyages, les épreuves existentielles, etc. Il serait souhaitable que le Département recentre ses efforts sur l’instruction et abandonne sa propension à s’occuper de ce qui ne le regarde pas. Les enseignants n’ont pas besoin du magistère intrusif des pontes de la rue de la Barre pour introduire et gérer des débats sociétaux dans leurs classes, le moment opportun venu.

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