Finies les vacances, c’est la reprise des congés!
Les vacances sont finies, c’est la reprise. Et c’est donc le moment de songer à nos prochains congés – un thème sur lequel l’inventivité humaine semble aujourd’hui intarissable.
Les petits Vaudois qui viennent de retrouver leur classe d’école ont appris qu’ils pourront la quitter pendant trois jours sans devoir se justifier. Cela s’appelle des «congés jokers» ou «congés à la carte», pour lesquels les parents n’ont pas besoin d’invoquer un quelconque motif. Cette nouveauté nous est présentée comme un progrès évident (sans doute parce que l’école inclusive doit aussi inclure les paresseux). Ces absences devront toutefois être annoncées deux jours à l’avance, afin d’«éviter que les élèves manquent l’école parce qu’il fait beau et qu’ils veulent aller à la piscine». (Cela leur apprendra donc à regarder les prévisions météo et à planifier avec deux jours d’avance leurs escapades à la piscine. C’est très pédagogique.) La fiche explicative publiée par l’Etat énonce plusieurs autres règles à respecter, tellement complexes qu’on est tenté de penser que cela a été conçu par et pour une élite intellectuelle; les parents moins doués auront besoin d’une semaine de congé (dûment motivée) pour étudier les cas où il est possible (ou non) d’invoquer (sans se justifier) des demi-journées d’absence, et pour méditer sur la manière dont le concept autrefois assez simple d’école buissonnière a été revisité par une légion de technocrates payés pour planifier notre bonheur.
Nous avons ensuite le syndicat Syna, qui veut aussi nous imposer plus de bonheur et moins de travail, et qui a lancé une pétition pour que le 1er mai devienne un jour de congé officiel dans toute la Suisse. (Il l’est aujourd’hui dans huit cantons, mais pas dans les autres, et cette diversité semble insupportable. On remarquera que l’obsession centralisatrice des camarades est ici symétriquement partagée par les Jeunes PLR, lesquels, jamais avares d’une sotte provocation, réclament désormais qu’on interdise dans toute la Suisse ce jour de congé.) On nous dit que le 1er mai serait un «congé mérité» … Mais en quoi serait-il plus mérité que le 3 octobre, le 5 septembre ou le 21 novembre?
Terminons par une autre pétition, animée par une même phobie du travail et de la diversité: elle a été lancée par la Jeunesse socialiste qui a découvert «qu’il n’existe aucune réglementation en Suisse sur les arrêts de travail en cas de canicule». Voilà un scandale qui nous glacera le sang lorsque celui-ci ne sera plus en ébullition! Les jeunes roug-e-x-s avides de farniente estiment qu’«il est urgent de légiférer» pour accorder à tous les travailleurs, écoliers et étudiants un congé généralisé chaque fois que la température extérieure dépasse 30°. Nous sommes très tentés de soutenir cette proposition politiquement incorrecte, qui va enfin convaincre les jeunes que le réchauffement climatique (qui n’a duré cet été que deux misérables semaines) n’est pas à craindre ni à combattre, mais qu’il faut au contraire l’encourager et l’accélérer si nous voulons profiter de vraies longues vacances. Prenez l’avion!
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Bruno Le Maire à Lausanne – Editorial, Félicien Monnier
- L’AVS, les calculs et les juges – Benjamin Ansermet
- Cavalerie mécanique – David Verdan
- Pourquoi les autos sont devenues si laides – Jean-Blaise Rochat
- Notes sur le droit naturel – Olivier Delacrétaz
- Patrons et travailleurs, unissez-vous! – Olivier Klunge
- La probité intellectuelle – Jacques Perrin