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La médaille d’or de l’écologie

Alexandre Bonnard
La Nation n° 1950 21 septembre 2012

Au siècle de l’écologie universelle, nous autres consommateurs sommes séduits, gâtés, choyés par les producteurs et distributeurs, petits et grands, de produits alimentaires. nous fascinent le bio, pour lequel on est prêt à payer plus, le respect des normes du développement durable, la garantie d’une fraîcheur «incroyable» des fruits et légumes, sans parler de la date de ponte affichée sur chaque œuf, où ne manque que l’indication du lieu d’origine, que toutefois on trouvera sur le carton (mais si c’est «de la région», est-ce le Gros-de-Vaud ou le Danemark?). Quant aux tomates vendues au détail, une étiquette sur chacune d’elles mentionnant la date et le lieu de la cueillette n’y figure pas encore et l’on comprend pourquoi, si belles et brillantes, elles n’ont plus aucun goût, comme d’ailleurs les fraises d’Andalousie si séduisantes au regard, mais «forcées» sous serre.

On admire que sur chaque pomme «Jazz» se trouve l’étiquette mentionnant qu’elle vient de Nouvelle-Zélande mais, pour les motifs que l’on connaît, on ne trouvera jamais l’étiquette «Israël» sur un pamplemousse et l’on doit présumer qu’il vient de Floride.

Dans tous les cas, on nous assure qu’il s’agit d’un commerce «équitable», que le salaire «minimum» (non chiffré) des ouvriers équatoriens cueilleurs de bananes (vendues moins d’un franc pièce après 10 000 km de voyage), des paysans kényans, égyptiens, marocains cueilleurs de haricots, est respecté, comme est contrôlé le respect de la Convention universelle sur le travail des enfants, et que nous pouvons donc acheter avec la conscience tranquille. nous savons bien sûr qu’acheter des produits de l’autre bout du monde lorsqu’on cultive chez nous les mêmes en saison est une hérésie et un péché écologique, mais, en sens inverse, on a la satisfaction, hypocrite bien sûr, d’aider ces pauvres producteurs du tiers-monde qui ne survivraient pas sans l’exportation.

Passons si vous le voulez bien au rayon des biscuits et, là, l’écolo qui sommeille en vous peut faire une découverte capable de l’émouvoir aux larmes. C’est le Sablé de Retz, le véritable, fabriqué à Saint-Michel-Chef- Chef (44 Loire-Atlantique, à l’ouest de Nantes, sur la rive sud de l’estuaire de la Loire, en face de Saint-Nazaire) par St-Michel, biscuiterie familiale depuis 1905, selon une recette créée en 1920 dans ladite commune au nom étrange.

La lecture de l’emballage est un enchantement. Tout d’abord, on apprend que les vingt sablés qu’il contient ont comme ingrédients de la farine de blé (64%), de la noix de coco (11%), du sucre, de l’huile de tournesol non hydrogénée, des poudres à lever, du carbonate d’acide d’ammonium, du tartre de potassium et acide tartrique, du sel, du lait écrémé en poudre, un émulsifiant (lécithine) et qu’ils sont fabriqués sur une ligne de production où sont utilisés des œufs et des fruits à coque. Suit un tableau complet des valeurs nutritionnelles moyennes (horizontalement valeur énergétique, protéines, glucides dont sucres, lipides dont acides gras saturés, fibres alimentaires, sodium; verticalement en trois colonnes, par 100 gr., pour le sablé, en % de RNU pour un sablé. Vous ne savez pas ce qu’est le RNU? L’emballage vous l’apprend bien sûr. Ce sont les repères nutritionnels journaliers pour un apport moyen de 2000 kcal pour un adulte (on ne donne pas le pourcentage pour un enfant ou adolescent).

Le tout lisible sans loupe même pour un semi-malvoyant, ce qui est rare dans l’alimentation.

Ensuite, il nous est assuré que le produit est sans colorant, sans conservateur, sans huile de palme (ah!) ni matière grasse hydrogénée.

Jusque-là, me direz-vous, rien de vraiment exceptionnel. Mais attendez la suite.

«Un partenariat durable avec des agriculteurs français qui ont décidé de réserver leur blé à St-Michel, en promouvant de bonnes pratiques agricoles et environnementales: Des blés 100% français (région Poitou-Charentes et Pays de la Loire) pour limiter les déplacements.

Pas d’utilisation d’insecticides de stockage après récolte. Des parcelles éloignées de plus de 250 m. des voies de circulation pour limiter la pollution.»

Et maintenant le bouquet final:

«Le carton intérieur est en papier naturel 100% biodégradable, issu de forêts gérées durablement. Il est non blanchi pour limiter les traitements chimiques. Il protège les biscuits et leur goût inimitable.»

Cela m’a fait penser à Stradivarius allant choisir dans une forêt tyrolienne, pour son atelier de Crémone, un sapin à couper par une nuit de pleine lune.

Entourées de tous ces renseignements nous donnant une haute idée de la politique de transparence de l’entreprise, il y a trois petites photos, la première, en noir et blanc, montrant un bâtiment qui était sans doute le siège de la fabrique dans les années vingt, la deuxième un agriculteur probablement fournisseur devant son champ de blé, et la troisième un panneau d’entrée dans la localité sur lequel est imprimé en noir sur blanc, avec un entourage rouge, comme partout en France, le nom de Saint-Michel-Chef-Chef, pour celles et ceux qui croiraient encore que ce nom est un gag.

Pour toute remarque ou idée, il ne faut pas hésiter à écrire à St-Michel biscuits, service consommateurs, 8 rue du Chevrier, F-44730 Saint- Michel-Chef-Chef. L’adresse internet est www.stmichel.fr.

Un léger doute pourrait subsister sur la nature chimique exacte de l’emballage extérieur. Mais il n’y a pas à dire, c’est vraiment ce que l’on appelle la production responsable. Cela mérite une médaille d’or aux jeux écologiques mondiaux.

 

P.S.: Pour celles et ceux qui désirent en savoir plus, notamment sur le volume de la production, le chiffre d’affaires, le bénéfice brut et net annuel, la composition du conseil d’administration et du conseil de direction, la composition de l’actionnariat et la valeur actuelle des actions (s’il y en a), il y a le site internet, il y a Google, Facebook, etc.

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