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Dernières nouvelles du français

Alexandre Bonnard
La Nation n° 1962 8 mars 2013

A ne pas manquer, dans le numéro 53 (janvier 2013) du magazine de l’Université de Lausanne (laquelle répond aussi au nom poétique d’UNIL), en page 23, l’article de MM. Gianni Haver et Antoine Chollet, tous deux enseignants- chercheurs à la Faculté des sciences sociales et politiques, intitulé «contre l’hégémonie de l’anglais», qui mériterait d’être cité en entier, mais dont nous reproduisons le dernier paragraphe.

«Ces évolutions servent en réalité deux objectifs: la fin des universités conçues comme des services publics, au sens le plus noble du terme, et l’affaissement de la pensée critique au sein même des universités. L’espace d’autonomie et de liberté que nos institutions ont pu représenter, dans certains moments privilégiés, est en train de disparaître. On sent chaque jour davantage les ravages de ces transformations, et l’on désespère en constatant la faible résistance qui leur est opposée. Pour les chercheurs et chercheuses que nous sommes, ce qu’il est désormais urgent d’imaginer, ce sont des stratégies de résistance. Et nous ajoutons qu’il faut le faire collectivement.»

Bien sûr, c’est David contre Goliath, mais il ne faut pas renoncer à la lutte. Félicitons en particulier l’association Défense du français et ses initiatives bien ciblées.

Pour passer du scientifique au commercial et à sa publicité, nous tombons sur un article du Matin Dimanche, p. 33 (si si, il vaut la peine de parcourir cet hebdomadaire où l’on trouvera toujours deux ou trois chroniques démentant le préjugé selon lequel la presse romande est toujours de gauche, ne serait-ce déjà que la chronique de Me Bonnant, lequel fait ses délices de la provocation et fustige inlassablement rousseau et le rousseauisme) un article, donc, d’Ivan radja intitulé «La croisade du gouvernement neuchâtelois pour promouvoir le terme “soldes” au détriment de “sale” sera rude».

Dans l’ensemble, le moins que l’on puisse dire est qu’au cours de ces dernières années la presse ne nous a pas donné une image particulièrement flatteuse du gouvernement neuchâtelois. Il ne faut donc pas manquer l’occasion, même s’il s’agit d’un défi mineur par rapport à ceux que doit affronter ledit conseil d’Etat, de le féliciter et plus particulièrement le conseiller d’Etat Thierry Grosjean, initiateur de cette campagne.

L’insondable stupidité de cet anglicisme, dont les francophones romands doivent périodiquement subir la vue, a quelque chose d’obscène.

Nous apprenons ainsi que Manor «ayant remarqué que l’anglicisme “sale” était mal perçu en Suisse romande», avait décidé depuis quelques années d’utiliser le mot français “soldes” selon sa porte-parole. Bravo, cela mérite une médaille! déclare que sa publicité est rédigée dans les trois langues, y compris l’annonce du début des soldes, mais ne précise pas si la troisième langue est l’italien ou (ce qui est plus probable) l’anglais. D’autre part, on constate que, durant toute la durée des promotions, les succursales sont pavoisées de panneaux «sale». L’auteur de l’article saisit l’occasion de signaler qu’en tapant sur Google on tombe sur «les nouveaux offres imbattables».

Mais Migros demeure intraitable et a opté une fois pour toutes pour le SALE, «compréhensible partout et sémantiquement bien établi». Il en va de même chez Vögele, dont d’ailleurs Migros est actionnaire minoritaire. Donc pendant les soldes, si vous avez besoin d’une chemise, choisissez de préférence un magasin où l’on vend des habits propres.

Quant à c&A, ils déclarent avoir utilisé soldes, saldi et Sonderverkauf par le passé «mais la communication est plus claire avec le mot SALE» (sic).

Il ferait beau voir que ces entreprises tentent d’ouvrir des succursales au Québec, où le français est défendu férocement et où des dizaines de milliers de francs ont été dépensés il y a quelques années pour remplacer tous les signaux «Stop» par des signaux «arrêt».

Le seul moyen efficace de lutter contre ce barbarisme (parmi tant d’autres) serait de pouvoir réunir quelques milliers de consommateurs prêts à boycotter tous les commerces SALE jusqu’à ce que leur publicité redevienne propre.

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