Paris by card
Etre étudiant à Paris, c’est, avant tout autre avantage culturel, posséder une carte d’étudiant. Celle-ci nous permet, en plus d’accéder aux bâtiments, aux cours qui y sont donnés et aux examens qu’on y fait passer, d’obtenir toutes les autres cartes nécessaires à la survie d’un étudiant parisien. Par exemple, la carte des résidents en région parisienne. Seul ennui: elle s’obtient justement sur présentation d’un document attestant notre inscription officielle dans une institution académique en Île-de-France, soit sur présentation de la dite carte d’étudiant, qui elle s’obtient sur présentation de la carte de résident. Entre la métaphore du serpent qui se mord la queue et celle de l’arroseur arrosé, mon cœur balance.
En règle générale, un ticket de métro s’obtient sans titre particulier, sauf évidemment si vous faites la file devant le seul distributeur qui ne prend que les cartes Bleues françaises (parce que les cartes Bleues parisiennes, ça n’existe pas). Il est donc temps d’acquérir une carte Bleue… laquelle étant verte, me fait au moins penser à la BcV. Pour ce faire, il faut se rendre dans un établissement bancaire, patienter parce que vous avez tiré le ticket 570 et que c’est le 562 qui vient d’être appelé, signer les cinq feuilles en double exemplaire, attendre un premier courrier vous souhaitant la bienvenue, attendre un deuxième courrier vous informant des multiples avantages offerts par la banque choisie, attendre un troisième courrier vous invitant à prendre rendez-vous avec votre agence pour récupérer la carte, finalement être amené à prendre un second rendez-vous parce que vous n’aviez pas pris la convocation avec vous au premier et, enfin, recevoir la carte bancaire. Du coup, on a presque envie de payer une tournée à tous les employés de service à la banque ce jour-là.
Comme étudiante, je suis en droit de prétendre au nouveau titre de détentrice d’une carte Navigo Pass-ImaginR. Ce graal en poche, la Régie Autonome des Transports Parisiens est à moi. Et avoir Paris souterrain en accès illimité, c’est avoir le monde à ses pieds, c’est bien connu. Seulement, là encore, son acquisition semble plus difficile que la Patrouille des glaciers sans gants ni bonnet: il faut à nouveau réunir la carte d’étudiant, qui n’est pas encore imprimée, l’attestation de logement pour les trois cent soixante-cinq jours à venir (mais qu’il est impossible de recevoir sans la carte d’étudiant), une photocopie du passeport, deux photos d’identité «différentes» (et si on a changé de couleur de cheveux entre-temps?) et le relevé d’identité bancaire RIB: on ne sait pas encore ce que c’est, mais on se doute bien qu’il s’agit d’un chiffre certainement impossible à connaître avant réception de la carte bancaire.
Non sans un sentiment de détresse et de désolation, j’aborde le point quatre de ma liste de tâches à remplir, soit un passage au bureau d’inscriptions administratives de mon université, à ne pas confondre avec celui des inscriptions pédagogiques. Tant qu’à posséder la carte fidélité Monoprix, autant faire la même promesse d’assiduité à ma bibliothèque. Il est 11h45 ce vendredi; le bureau est fermé entre 11h30 et 14h00 et le vendredi après-midi.
«– Excusez-moi, Monsieur, pourriez- vous m’indiquer où se trouve la pharmacie la plus proche? Non, je suis navré… Vous n’avez pas de carte?»
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Croire sans dogmes – Editorial, Olivier Delacrétaz
- «Le reste est silence» – La page littéraire, Yannick Escher
- Le décor – Jacques Perrin
- La Forêt du Mal – La page littéraire, Lars Klawonn
- Caisse de pension de l’Etat de Vaud – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Désenchantement démocratique – Revue de presse, Ernest Jomini
- Servir… pour être libre! - 1e partie – Lionel Hort
- Cent ans de scoutisme vaudois – Antoine Rochat
- Dernières nouvelles du français – Alexandre Bonnard
- La presse vous tue, la voiture vous sauve – Le Coin du Ronchon