Désenchantement démocratique

La colère qui agite l’Italie, l’Espagne, bientôt la France, va secouer l’Europe […]

Ainsi commence la «chronique: Les brises rebelles» de M. Jacques Pilet, dans L’Hebdo du 28 février. Quelles sont donc les causes de cette colère? A côté de l’austérité qui s’impose aux divers pays, du «rêve cassé de l’Europe», il y a enfin

[…] le rejet des élites politiques et économiques. En Italie, les citoyens n’en peuvent plus de voir l’armada des élus qui vivent sur un grand pied, palpent ici et là des enveloppes, placent leurs copains, se vautrent dans le fromage. Les partis sont honnis. Le bateleur Beppe Grillo interdit à quiconque ayant fricoté avec eux de rejoindre son camp… Un électeur sur quatre l’a applaudi.

En Espagne c’est l’horreur: la droite au pouvoir, et pas elle seulement, se révèle rongée par la corruption. Son trésorier a mis au frais des dizaines de millions du côté de Genève […]

En France c’est plus compliqué. Les cercles du pouvoir se sont multipliés et empilés. […] Ce mille-feuille coûte cher. A chaque couche, ses fonctionnaires, ses frais, ses petites faveurs. L’opinion publique le sait, mais l’imbrication des intérêts est telle que personne, ni à droite ni à gauche, n’ose s’en prendre à cette boursouflure. […]

Les griefs se mêlent. […] Avec un reproche latent: vous nous avez menti. Les élus ont trop promis, trop embelli leur bilan, trop cherché à plaire, trop baratiné. Et puis le gros mensonge qui a trop duré, auquel ils ont cru eux-mêmes: nous vivons bien en nous endettant. Une foule de discours se dégonflent. […]

Pourtant, en bonne théorie démocratique, les élus ne sont-ils pas le reflet fidèle du peuple qui a voté pour eux? Les Européens seraient-ils en train de découvrir combien la représentation du peuple à travers les partis politiques est artificielle et souvent nocive?