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Un dur combat… pour rien?

Olivier DelacrétazEditorial
La Nation n° 1985 24 janvier 2014

Le référendum est un droit. Contre FATCA, c’était un devoir. Nous avons tardé à partir, trompés par la vigueur prometteuse des chambres face à la Lex americana ainsi que par le vote unanime des parlementaires UDC contre l’accord FATCA. Ce n’était qu’un feu de paille.

c’est donc au dernier moment, cinq jours seulement avant la publication de la loi, que quelques petits groupes politiques, réunis à l’initiative de la Ligue vaudoise, ont décidé de se lancer à l’eau: pas de délai de préparation, peu de moyens financiers, peu de points de chute en Suisse allemande, une collaboration délicate à mettre sur pied, tant les motifs et les méthodes étaient divers, mais il était clair pour tous qu’il était impossible de ne pas le faire.

Nous nous sommes efforcés, au cours d’un combat de tous les jours et de beaucoup de nuits, de mettre à profit tout le temps et tous les moyens à notre disposition. Les fêtes de fin d’année furent réduites au strict minimum décent.

Durant trois mois, nos locaux ont bourdonné en permanence, et nous tenons à rendre hommage à toutes les personnes qui ont participé, à commencer par les trois responsables successifs des opérations et à continuer par les innombrables petites mains bénévoles sans lesquelles il n’est pas de référendum possible. Nous avons une grande reconnaissance à l’égard des personnes qui ont participé aux récoltes de signatures sur les marchés, qui sont venues chaque jour et jusqu’à la fin les trier, les classer et les compter, expédier des milliers de lettres, les recevoir en retour, les retrier, les reclasser et les recompter, relancer les communes, organiser un ultime marché, un dernier porte-à-porte, un «boîtage»1 final.

Merci aussi à tous les donateurs, qui nous ont fourni de quoi financer nos efforts.

Les groupements alliés – Parti pirate, Lobby des citoyens, MCG, Young4fun, quelques sections cantonales de l’UDC et des jeunesses PLR – ont, chacun à sa manière et selon ses forces, fait leur travail et ont fourni leur contingent de signatures. Mentionnons tout particulièrement la Lega dei Ticinesi qui a livré, en deux paquets, pas moins de 3800 signatures, toutes déjà légalisées par les communes. De vrais «pros»! Mais ce n’est pas seulement la Lega, c’est le Tessin tout entier qui a magnifiquement travaillé, livrant le plus grand nombre de signatures de tous les cantons… Un vigneron tessinois survolté en a récolté à lui seul plus de 2000, écumant non seulement les marchés et les immeubles, mais aussi les endroits plus ou moins interdits, les gares, les parkings, les grandes surfaces… dont il s’est fait plus d’une fois expulser manu militari.

Expérience précieuse, résistance historique, affirmation d’une réalité suisse persistant sous les reniements officiels, c’est vrai, et cela justifie notre combat… mais cela n’empêche pas que nous avons bel et bien failli. L’accord passé entre le trésor américain et la confédération entrera en vigueur, normalement au milieu de l’année.

Désormais, des milliers de personnes, citoyens suisses à part entière aux termes du droit suisse, seront néanmoins considérées comme des US persons par le biais des infâmes astuces étatsuniennes et livrées, avec l’approbation complaisante du conseil fédéral et du parlement, aux exactions du fisc américain.

Nos tribunaux et nos autorités administratives appliqueront directement le droit américain, non seulement l’actuel, mais aussi tel qu’il évoluera.

Enfin, on ne connaît toujours pas la façon dont les établissements bancaires suisses devront prouver qu’ils ont bien déclaré tous leurs clients susceptibles d’être taxés par l’IRS… ou qu’ils n’ont pas de telles personnes parmi leurs clients. Vu la brutalité des uns et la frousse verdâtre des autres, on peut attendre le pire en matière d’inquisition, de délation, de chantage et de lâchage.

Fiscalement, la Suisse est désormais un état satellite. Avachie et culpabilisée par sa prospérité, servie par un personnel politique médiocre, elle a fait preuve d’une pusillanimité qui la désigne aux prochaines attaques. La seule question qui se pose est de savoir quel sera le prochain coup, et d’où il viendra.

Il semble que FATCA ne soit réellement opérationnel que si la plupart des états du globe s’y plient. Notre ultime espoir est que d’autres pays, plus forts et plus courageux, affronteront les menaces de l’IRS et refuseront de se mettre à genoux sous prétexte que les américains le veulent et qu’ils sont les plus forts.

Notes:

1 terme désignant une distribution systématique dans les boîtes aux lettres, qu’elles acceptent ou non la publicité. cette opération, moyennement rentable, est une manière de se débarrasser positivement des feuilles et cartes de signatures qu’on n’a plus le temps d’expédier par la poste.

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