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Rédaction
La Nation n° 1985 24 janvier 2014

La souveraineté d’un Etat devrait en premier lieu se manifester par sa capacité à nourrir ses habitants. Dans ce domaine, la Suisse a depuis longtemps perdu toute autonomie, puisque son degré d’autosuffisance alimentaire est de l’ordre de 55%. Le credo de l’économie de marché et du libre-échange a tué tout espoir de rentabilité pour les agriculteurs suisses, même sur les meilleures terres à blé du plateau. Les paysans vivent donc des subventions pour entretenir le paysage, non plus de la vente du produit de leur travail. Et cette corporation a un poids électoral bien trop négligeable pour que les élus politiques s’en soucient vraiment…

S’approvisionner sur le marché local, quitte à payer pour le prix réel de cette production de proximité, devient un acte politique où le consommateur se substitue au pouvoir, effrayé par toute décision protectionniste. Mais est-ce vraiment plus cher de manger local? Voici les dix conseils d’un consommateur et fin bec avisé:

1. Fêtez les saisons! Non, il n’y pas d’asperges ou de fraises toute l’année. Chaque trimestre, le menu change pour le plus grand plaisir des papilles.

2. Mangez local et varié! À quoi sert-il d’avoir dans son assiette des produits de l’autre bout de la planète, alors qu’ils existent dans le pays? En plus, vous soutenez une production locale, une agriculture paysanne de proximité en train de disparaître à vue d’œil. De la semence à la mini-production, c’est le geste qui relie la communauté nourricière.

3. Mangez quelque chose que vous cultivez. Mais oui, même sur son balcon on peut faire pousser des tomates, du persil, quelques tiges d’oignons.

4. Cessez de faire de votre frigo la succursale de l’industrie alimentaire. Achetez au jour le jour avec une liste de commissions

5. Mangez des produits non transformés. L’industrie a réussi à ce que 80% des aliments sur notre table soient transformés avec des additifs, des colorants, des irradiations. La salade, on prend le temps de la couper. Une purée de pommes se fait maison.

6. Court-circuitez à tout va! La rencontre avec un producteur change la vie. Vous mettez un visage sur une nourriture, vous reprenez confiance. Marchés paysans, paniers de l’agriculture contractuelle, artisans de quartier. Revenez à un canal historique.

7. Cuisinez en permanence vous-même et avec vos enfants. Prenez le temps de vivre autour de la table, de déguster, de partager vos goûts.

8. Choisissez vos animaux avec soin. Demandez-vous d’où ils viennent, comment ils sont nourris.

9. Jouez avec les restes et faites des conserves pour l’hiver! Le gaspillage atteint des records en Suisse: près de 40% de la nourriture est jetée. Les repas les plus goûteux se font avec les restes.

10. Retrouvez les cuissons longues, les plats mijotés. L’obsession du filet perce le porte-monnaie.

Ces conseils avisés sont ceux de Joseph Zisyadis, donnés à la réflexion des lecteurs de 24 heures le 7 octobre dernier. Comme gastronome averti, notre petit père des peuples offre ici une approche vécue et pragmatique de la pratique alimentaire, sentant bon la solidarité locale et le partage familial autour du pot-au-feu. Il est ici plus crédible que lorsqu’il combattait le particularisme fiscal des cantons ou qu’il nous servait la soupe des dogmes marxistes et de l’internationale socialiste.

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