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Futurologie médicale

Jean-François Luthi
La Nation n° 1999 bis 22 août 2014

La caisse publique (et unique) sur laquelle nous aurons à voter prochainement n’est très probablement que le premier épisode d’une révolution du système de soins en Suisse.

Voulons-nous vraiment d’un système unique et centralisé qui dilapidera une fortune pour sa mise en place sur de nombreuses années, créant une institution monstrueuse gérant l’équivalent de 40% du budget de la Confédération? On peut être certain que les tractations en coulisses à Berne entre l’OFSP, le Conseil fédéral et la nouvelle institution n’iront pas en direction d’une saine gouvernance, en particulier par la disparition des incitations à maîtriser les coûts.

Le second épisode, dans quelques années, sera celui du prélèvement lié aux revenus. Ceci n’est en aucun cas souhaitable, considérant la distribution strictement aléatoire de la santé dans la population et la volonté du législateur d’avoir une solidarité autour du problème du financement. Les franchises à option représentent déjà une entorse importante à ce principe.

Le troisième épisode, et c’est véritablement l’essentiel, sera très probablement le grand coup de canif donné dans le fonctionnement de la nouvelle institution, au prétexte de la maîtrise et de la transparence des coûts, au libre choix du médecin, au secret médical et au libre choix des traitements. Ce sera la fin de notre système libéral, jouissant d’un très haut niveau technique et de fortes compétences humaines, d’ailleurs perçu comme tel par les patients. Il n’y a en effet aucun pays où une médecine étatisée n’entraîne pas une dégradation de son niveau de soins, cela sans économies démontrables, bien au contraire. Il suffit de constater les déficits de certains systèmes en Europe.

Certes, la solution miracle n’existe pas. L’augmentation de la population, son vieillissement, les coûts considérables engendrés par les traitements du cancer (plus du quart de la population en souffrira un jour) et d’autres maladies dégénératives ne permettent pas d’envisager des économies, à moins de réduire volontairement le niveau de soins.

D’une certaine façon, il faut cesser cette forme d’hypocrisie qui consiste à contester systématiquement les coûts du système suisse tout en appréciant son niveau élevé avec une couverture de soins exceptionnelle. Combien de temps ou quelle distance faut-il parcourir à un Suisse pour trouver un médecin généraliste, un spécialiste, un centre d’urgences ou un hôpital? Il n’y a pas un autre pays au monde qui puisse se targuer de disposer d’une telle couverture, associée à un plateau technique remarquable. Bien sûr, une frange de la population souffre du niveau des primes à payer, et bénéficie plutôt largement des subventions des cantons, en particulier dans le Pays de Vaud. Ce n’est pas une caisse publique qui améliorera en quoi que ce soit notre système de santé, c’est bien le contraire qui se produira. Nous voterons un non déterminé le 28 septembre prochain.

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