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Augustin d’Hippone, la perception du temps

Laurent Paschoud
La Nation n° 1999 bis 22 août 2014

Augustin est né en 354 et mort en 430. Son père était païen et sa mère chrétienne. Lui-même sera païen jusqu’à ses trente-deux ans. Il deviendra prêtre et sera élu évêque d’Hippone à quarante et un ans.

C’est dans le onzième livre de ses Confessions qu’il développe principalement ses idées sur le temps.

Des différents temps

Augustin attribue des statuts très différents au passé, au présent et au futur. Le premier est un temps qui n’est plus, le second est, et le futur n’est pas encore.

Quand un temps est-il long? Augustin ne le précise pas, mais il va raisonner en regardant le temps comme un concept physique. Il regarde le passé et dit que celui-ci ne peut être long, n’étant plus. Donc le passé ne pouvait être long que quand il était présent. Mais qu’est-ce que cela signifie? Un siècle est un temps présent et long. Mais un siècle est composé d’années. Des années sont passées, d’autres sont futures et une seule est présente. Donc une année est un temps présent. Mais, une année est composée de mois. Augustin suit ce raisonnement jusqu’à conclure que le présent est au temps ce que le point est au plan, sans étendue.

Quant au futur, il n’est pas long, n’étant pas encore. Il faut conclure que seul le temps présent est.

Temporalité des concepts du temps

Selon Augustin, rien n’existe que dans le présent. La connaissance du passé et la représentation du futur ne sont que dans le présent.

Augustin prend un exemple de ce qui est présent mais concerne le passé: la mémoire. En effet, un souvenir est bien présent. Nous avons tous une mémoire qui fonctionne au présent, sinon elle ne serait pas. Cependant, les souvenirs concernent ce qui s’est produit en un temps qui n’existe plus. Quand on évoque un souvenir, on ne ramène pas le passé dans le présent. Le souvenir n’est que la trace du passé dans l’esprit.

Quant au futur, on ne peut pas l’amener dans le présent. Cependant, nous sommes capables de prévoir ce que pourrait être le futur avec plus ou moins de justesse. Sans cela, nous ne saurions préparer nos actions en conséquence; quand on voit des nuages noirs, on peut penser qu’il va pleuvoir et l’on prépare son parapluie. Si nous ne pouvons amener le futur dans le présent, on peut du moins en avoir une image dans notre esprit en voyant des signes. Ces signes sont présents et donc réels.

Augustin déclare que l’on peut, par commodité de langage, parler du passé, du présent et du futur. Mais il serait plus exact de parler du présent où il s’agit du passé: la mémoire; du présent où il s’agit du présent: la vision; et du présent où il s’agit du futur: l’attente.

Mesure du temps

Augustin s’interroge sur la mesure du temps. Il commence son raisonnement avec une idée physique du temps.

Le temps ne se peut mesurer dans le passé, ni dans le futur suivant les raisons déjà énoncées. Il se mesure dans le présent. Mais celui-ci étant sans étendue, on doit le mesurer à son passage qui vient du futur, passe dans le présent et finit dans le passé. Il vient de ce qui n’est pas encore, passe dans ce qui est sans étendue et finit dans ce qui n’est plus.

Il faut que le passage ait une étendue sans quoi on ne pourrait comparer des temps. Si on prend l’exemple d’un poème, on peut comparer des temps. Ainsi une syllabe longue vaut deux brèves. Un pied se mesure à ses syllabes. De plus, la récitation ne prend pas toujours le même temps. C’est fonction de l’orateur qui peut prononcer plus ou moins rapidement. Cela fait dire à Augustin que le temps est un étirement.

La solution tient au temps ressenti, à l’âme. C’est l’âme qui va s’étirer. Lors de la vibration d’une note de musique, l’âme se tend vers la dernière vibration, il y a attente. Le son passe, l’âme retient son effet. Après la dernière vibration, on se souvient. La vision est de la longueur de l’attente avant la première vibration et de la mémoire après la dernière.

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