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Le rôle de l’Eglise dans le Canton

Pierre-François Vulliemin
La Nation n° 2003 17 octobre 2014

Les Eglises officielles

L’Eglise universelle, telle qu’elle a été instituée par le Christ, rassemble l’entier des Chrétiens, sans distinction de pays ou d’époque. Cependant, pour des raisons historiques diverses, l’Eglise universelle est déchirée en Confessions particulières. Dans notre Canton, deux de ces confessions particulières ont statut d’Eglises officielles, que la Constitution cantonale nomme «Eglises de droit public». Il s’agit de nos deux Eglises historiques: l’Eglise évangélique réformée vaudoise et l’Eglise catholique romaine1.

Toujours selon la Constitution cantonale, les Eglises officielles «jouissent de l’indépendance spirituelle et s’organisent librement dans le respect de l’ordre juridique et de la paix confessionnelle».

L’Eglise romaine exige le baptême comme condition d’«entrée dans l’Eglise». L’Eglise réformée est ouverte à toute personne de foi chrétienne qui reconnaît les principes constitutifs et les structures de cette Eglise. Cependant, elle n’admet à la sainte Cène – c’est-à-dire à la communion au Corps et au Sang du Christ – que les seuls baptisés chrétiens, sans distinguer dans quelle Eglise particulière ils ont été baptisés.

Selon la loi cantonale sur les relations entre l’Etat et les Eglises officielles, ces Eglises doivent être actives dans les domaines suivants: «vie communautaire et cultuelle; santé et solidarités; communication et dialogue; formation et accompagnement».

Le rôle de l’Eglise universelle

Jean Daujat, philosophe catholique, décrit comment l’Eglise peut apparaître, pour qui se contente d’une vision superficielle:

Les uns, hélas! nombreux, se représentent l’Eglise comme une entreprise de mariages et de pompes funèbres […]. D’autres, qui voient dans le Christ un grand réformateur moral, considèrent l’Eglise comme une grande entreprise d’éducation visant à améliorer l’homme […]. D’autres enfin, qui voient dans le Christ un grand réformateur social, considèrent l’Eglise comme un grand mouvement social et politique visant à améliorer les conditions de vie des hommes et à avoir pour cela le maximum d’influence et de puissance, à recruter le maximum d’adhérents […]. [Cependant,] il est impossible de rien comprendre à l’action, aux attitudes, aux comportements de l’Eglise quand on juge en dehors de la foi en fonction de finalités naturelles, humaines, temporelles telles que le progrès naturel de l’humanité, l’amélioration de la nature humaine ou des conditions de vie des hommes2.

En termes plus modérés, comprendre l’Eglise sans en comprendre la foi et les sacrements, c’est passer à côté de l’essentiel. En effet, la spécificité de l’Eglise ne tient pas aux bienfaits temporels qu’elle apporte, mais à sa finalité, essentiellement surnaturelle, qui est de communiquer aux croyants la Vie en Christ. Affirmant cela, nous ne polémiquons pas gratuitement ni ne négligeons l’amour du prochain. Nous rendons compte de la spécificité de l’Eglise, par rapport aux autres communautés: en plus de la solidarité, l’Eglise apporte le Salut.

 Les Eglises officielles de nos jours

Le discours commun dénie aux Eglises officielles leur actualité, sous prétexte qu’elles continueraient à «fonctionner» sans avoir intégré les leçons de mai 68. Selon cette opinion, les Eglises auraient perdu leur utilité en même temps que la société traditionnelle a disparu. Elles seraient des survivances d’un ordre révolu, condamnées à se renier ou à disparaître sous dix à quinze ans3. Mais, dans une histoire plurimillénaire, que valent les prévisions à dix ou quinze ans?

Nous répétons aussi ce dont nous sommes persuadés, pour l’avoir vu et vécu, et ce bien que l’usage tende à se défaire: chaque dimanche, dans chaque paroisse, des Vaudois prient et, bien souvent, communient au Corps et au Sang du Christ. Chaque année et de par tout le Canton, des centaines d’enfants sont catéchisés, des personnes de tous âges sont baptisées, des centaines de mariages sont bénis, des centaines d’obsèques religieuses sont célébrées. Cela est tout sauf anodin. Ne pas le voir, c’est être aveugle ou défaitiste.

Pour le surplus, sur le plan politique, les Eglises rappellent à l’Etat que l’absolu n’est pas de ce monde. Ce faisant, elles remplissent un rôle très actuel: elles découragent tant bien que mal l’Etat et l’administration de tout réduire à eux, elles sapent leurs velléités totalitaires.

Tout n’est cependant pas parfait. Les déviations, les erreurs et les divisions sont légions. Ces maux frappent durement l’Eglise militante – c’est-à-dire tout ce que l’Eglise a d’humain. Cela découle des fautes et autres faiblesses du clergé ou des fidèles. La malice des temps peut aussi vider les lieux de culte. Quoi qu’il en soit, malgré leurs faiblesses, nos Eglises traditionnelles continuent à remplir, ici et maintenant, le rôle dévolu à l’Eglise universelle de par le monde: apporter la Lumière aux nations.

Notes:

1 Pour des raisons pratiques, nous n’évoquerons ici ni l’histoire de ces deux Eglises ni l’existence d’autres Eglises vaudoises.

2 Jean Daujat, L’ordre social chrétien, Beauchesnes 1970, pp. 487 à 489.

3 Cf. notamment Virgile Rochat, Le temps presse! Réflexions pour sortir les Eglises de la crise, Labor et Fides 2013.

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