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Pseudo-autobiographie d’un garde-frontière

Ernest Jomini
La Nation n° 2003 17 octobre 2014

Tout le monde n’a pas le privilège d’écrire son autobiographie trente ans après sa mort. C’est pourtant ce qui est arrivé au père de M. André Durussel. C’est sous le nom de son fils en effet que vient de paraître un «roman documentaire» intitulé J’ai gardé la frontière1. Sans s’appuyer sur des documents écrits, mais vraisemblablement sur la mémoire familiale et sur sa connaissance des événements et des personnalités de l’époque, l’auteur donne la parole à son père, le garde-frontière Durussel, qui de 1931 à 1952 a servi la Confédération.

L’auteur remonte le temps. Ainsi on passe de Saint-Gingolph, son dernier poste, à Bourg-Saint-Pierre, son premier. Mais surtout on suit le garde-frontière dans les différents postes de douanes où il vécut avec sa famille ou en célibataire: La Rippe (district de Nyon), Les Charbonnières, La Cure, La Pétroule près de la Dôle.

Le garde-frontière a été confronté pendant la période de la guerre aux difficultés de cette époque. C’est ainsi que le grave problème des réfugiés, juifs en particulier, apparaît à travers les lunettes du serviteur de la Confédération, contraint d’appliquer les directives de Berne, malgré les sentiments de compassion qu’on éprouve naturellement face à la détresse d’êtres humains.

Pour nous qui avons vécu cette période, il est intéressant de revivre ces événements et de voir apparaître beaucoup de personnes que nous avons connues. Mais nous ne doutons pas que même les jeunes lecteurs trouveront de l’intérêt dans le récit du garde-frontière qui fait revivre les événements petits et grands de cette période de notre histoire.

Un certain nombre de photos illustrent cet ouvrage: certaines d’entre elles proviennent de l’album de famille. On retrouve aussi les postes de douane échelonnés le long de notre frontière dans le Jura vaudois. Et puis des personnalités de l’époque: le conseiller fédéral Pilet-Golaz au côté du conseiller d’Etat vaudois Paul Perret, chef du Département de l’Instruction publique et des Cultes. Mais aussi, heureuse surprise, la photo de «Cacahuète», alias Louis Meylan. C’était un de ces trimardeurs (à l’époque on disait les «rôdeurs») qui tout au long de l’année parcouraient le Canton, travaillant quelques jours ou quelques heures ici ou là contre la nourriture et quelques francs, dormant à la passade ou sur le foin des granges. «Sa morphologie était impressionnante. Il possédait en effet de très longs avant-bras et l’on prétendait même qu’il parvenait ainsi à se gratter derrière les oreilles en passant la main dans le dos.» (p. 66) Il marchait courbé en avant et ses mains étaient ainsi à hauteur des genoux. On aurait dit un singe. Un personnage que ceux qui l’ont connu ne sauraient oublier.

Notes:

1 André Durussel, J’ai gardé la frontière, Roman documentaire, Editions Pierre Philippe, 2014.

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