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En 2030, la guerre sera... – Le général Desportes invité de la Brigade d’infanterie 2

Félicien Monnier
La Nation n° 2003 17 octobre 2014

Le 12 septembre dernier, la Brigade d’infanterie 2 tenait à Verte-Rive son symposium annuel réunissant les officiers de la Brigade. De nombreuses personnalités vaudoises et romandes étaient invitées.

Le brigadier en charge Mathias Tüscher avait placé cette journée sous le thème de la défense. Quatre conférenciers se sont exprimés. Nous revenons sur la conférence la plus attendue, celle du général de division des armées françaises Vincent Desportes.

Auteur de nombreux ouvrages, le général Desportes a été sanctionné pour avoir critiqué publiquement la stratégie française en Afghanistan. A Pully, la mission lui a été confiée de décrire les guerres de demain. La tâche relevant de la gageure, il est revenu aux principes à partir de l’actualité.

Le conférencier a insisté sur la persistance anthropologique de la guerre. La démocratie, pas plus que le confort, ne la font disparaître. La seule volonté d’un belligérant ne décide pas du visage d’un conflit. Pour Vincent Desportes, c’est une marque de la finitude humaine.

Convoquant Clausewitz, il a déclaré qu’un objectif politique concret, autre que la réélection ou la vengeance, doit justifier l’action militaire. La guerre par frappes aériennes donne bonne conscience: elle ne tue pas dans sa propre troupe, elle est rapide, intense, impressionnante et conduit à une apparente victoire militaire. Mais la victoire politique en est loin. Elle oublie que les adversaires s’adaptent en permanence à leurs actions réciproques. Très vite, la puissance déployée de manière délocalisée par l’Occident se retrouve en décalage temporel et matériel. De l’Irak à la Lybie ou à l’Etat islamique, les exemples sont légions. Pour être efficace et utile, une guerre doit toujours être menée sur le terrain. Il appartient au politique d’en prendre la responsabilité. Il faut accepter les morts et la longue durée, que l’on appelle à tort l’enlisement. Les démocraties sont mal préparées à cela.

Clausewitz nous apprend aussi la faiblesse des planifications trop rigides. Ainsi, «les plans dérailleront toujours» car la guerre est un comportement politique dans lequel la technique ne joue qu’un rôle subalterne. Tout au plus pourra-t-on s’adapter à la guerre que nous impose notre adversaire. Au contraire, il faut considérer que son adversaire est intelligent et qu’il s’adapte facilement. Ce dernier investira tous les théâtres d’opérations offerts: terre, mer, ciel et cyberespace. Prenons donc garde à ne pas négliger un espace pour un autre. La mode est à la défense cybernétique. N’oublions pas qu’une communauté peut vivre sans internet, pas sans territoire.

M. Desportes n’a eu de cesse de rappeler la continuité entre bataille et guerre, niveau tactique et niveau stratégique. Pour nous, qui avons renoncé aux guerres expéditionnaires, cela revient à affirmer l’interdépendance entre moyens militaires et libertés politiques. Plus concrètement, la maîtrise du territoire est la clef du succès politique. La défense de ce territoire doit donc être au cœur de toute l’organisation militaire suisse.

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