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La foi et la politique

Laurent Paschoud
La Nation n° 2011 6 février 2015

Lors de l’entretien du mercredi 15 janvier, M. Delacrétaz a évoqué deux points pour cadrer un débat autour de la foi et de la politique. D’abord, la politique est légitime et nécessaire. Ensuite, le seul absolu est Dieu; le bien terrestre le plus élevé reste un bien relatif.

La politique vise le bien commun et n’obéit pas toujours à la morale individuelle. Elle ne peut pas atteindre ce but en appliquant exclusivement des mesures d’ordre économique; l’unité et la confiance au sein de la population peuvent apporter plus de bonheur que la prospérité matérielle la plus grande.

Pour être juste et applicable, une loi doit être adaptée aux mœurs, c’est-à-dire à la morale courante du lieu et de l’époque. Les lois doivent être prudemment généreuses. Trop de prodigalité peut entraîner des disproportions en comparaison du reste du droit. Une loi, enfin, doit être «fermée». Il faut réfléchir à toutes ses conséquences pour éviter de devoir la compléter ou de la trahir lors de l’application.

Quand l’Eglise s’implique dans les campagnes politiques, c’est en général trop tard! C’est le moment où la division règne déjà parmi les fidèles… Les autorités religieuses, si elles veulent vraiment prendre des positions politiques, devraient intervenir avant, durant la gestation des textes législatifs, et non lorsque l’on ne peut plus dire que oui ou non.

Pendant une campagne politique, l’Eglise devrait se contenter d’un rôle de modérateur: rappeler de voter selon sa conscience, en vue du bien commun et non pas émotionnellement, que ce soit pour ou contre.

Il faut prendre garde: la charité imposée par la loi n’est plus de la charité, mais de la politique sociale.

Dieu seul est absolu. Aucun régime, ni aucune idéologie ne l’est. Il est dangereux de voir la démocratie comme l’expression de l’Evangile, car elle n’est pas garante de la justice. L’Etat empiète de plus en plus sur les libertés, la famille et les autres communautés partielles; il sort ainsi de son domaine de légitimité.

Pour conclure, M. Delacrétaz a rappelé deux citations bibliques: «Que toute personne soit soumise aux autorités; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu […]» (Romains 13:1) et «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» (Actes 5:29). Il arrive que ces deux commandements se contredisent. Dans ce cas, il ne faut pas y voir un droit à la révolte mais, selon les circonstances, un devoir dont il faudra assumer les conséquences, parfois jusqu’au martyre. Il est peu probable que cela arrive de nouveau en Europe avant longtemps, tant que le niveau de vie sera aussi élevé.

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