La page des cultes

Depuis quelques semaines, une disparition agite les esprits: celle de la page des cultes dans l’édition du samedi du journal 24 heures, page qui annonçait les services religieux du jour même et surtout du lendemain dimanche dans l’ensemble de notre Canton.

Nous avons tenté de comprendre les raisons qui ont poussé le quotidien vaudois à supprimer ces informations pratiques, qui donnaient une image synthétique de la diversité religieuse et confessionnelle du Pays de Vaud: cultes protestants, messes catholiques, services orthodoxes, évangéliques, méthodistes, en français ou en diverses langues étrangères, etc.

La presse écrite doit faire face à une évolution défavorable: concurrence des journaux gratuits et des moyens d’information électroniques, en particulier internet et les réseaux sociaux, diminution drastique des recettes publicitaires, baisse des chiffres du tirage et du lectorat.

Le journal 24 heures n’échappe pas à cette tendance. Selon nos sources, son tirage a baissé de 10 % entre 2007 et 2014, et le nombre de ses lecteurs a diminué de plus de 20 % durant la même courte période. La suppression de la page des cultes, évidemment non rentable, répond sans aucun doute à des préoccupations d’ordre économique.

Cependant, la méthode utilisée par la rédaction du journal laisse songeur. Aucune information n’a été donnée aux lecteurs du journal. Les Eglises n’ont été prévenues que très tardivement. Selon notre expérience, les lettres de lecteurs qui protestent ne sont pas publiées. Le journal aurait-il quelque chose à cacher?

L’agence de presse protestante Protestinfo a mené l’enquête et interrogé Thierry Meyer, rédacteur en en chef de 24 heures (www.protestinfo.ch). Selon lui, il est faux de prétendre que la population âgée sera prétéritée par la suppression d’une information que l’on peut trouver sur internet; c’est pour le moins discutable. Curieusement, M. Meyer justifie la présence dans le journal des horaires des cinémas par la difficulté à les trouver sur la toile. On ne peut s’empêcher de penser que les distributeurs de films ont su se montrer plus généreux envers le journal que les ecclésiastiques…

Un lecteur de La Nation, M. Jean-Frédéric Leuenberger, nous a fait part de plusieurs réflexions intéressantes sur ce sujet, dont voici deux extraits:

Si tout ce qui est information dans le journal et qui peut se trouver sur internet n’a plus de raison d’être écrit dans le journal, il ne va pas rester grand-chose!

[…] Cette page n’est pas indispensable parce qu’elle devrait donner des informations, mais parce qu’elle contribue au bien-être dans les esprits de notre société.

Selon nos informations, une pétition commence à circuler, pour demander à 24 heures de rétablir la page des cultes. L’article de Protestinfo déjà cité signale qu’une telle pétition avait réuni 3’000 signatures et permis de rétablir la mention des Eglises évangéliques dans les journaux neuchâtelois en 2006. Un tel mouvement de masse est-il envisageable dans notre Canton?

L’individualisme, le matérialisme et l’égoïsme de la société moderne font de grands ravages. A leur manière, les Eglises chrétiennes contribuent à maintenir une vie communautaire et à rappeler les choses essentielles. S’ils rétablissent la page des cultes, les responsables du journal 24 heures lui permettront de mieux jouer son rôle de «grand quotidien vaudois».