Défense de la capacité à exprimer sa pensée en français

Il ne faut pas trop compter sur les élites, les politiciens, les chefs d’entreprise, les chercheurs ou les sportifs pour défendre la langue française. Qu’il est loin le temps où de Gaulle et Mitterrand séduisaient par leur rigueur rhétorique. […]

Plus fondamentalement, la révolution numérique transforme la langue et nos manières d’écrire. On observe même un retour à une forme moderne de hiéroglyphes avec l’utilisation croissante d’émoticônes. Le paradoxe? Nous n’avons jamais autant écrit et, dans le même temps, si mal maîtrisé l’orthographe et la grammaire.

Parce que les mathématiques ont remplacé l’orthographe comme moyen de sélection des élèves, parce que l’apprentissage d’une deuxième, voire d’une troisième langue apparaît désormais comme une priorité, on tend à accorder moins de poids à la maîtrise orale et écrite de la langue maternelle.

Difficile de contester l’importance des maths, mais tous les jeunes Suisses ne finiront pas ingénieurs chez Google ou experts-comptables. Et si l’allemand, l’anglais… sont indispensables dans nombre de métiers et dans la vie quotidienne à l’heure de la mondialisation, la capacité à exprimer sa pensée en français ne l’est pas moins. […]

Ces propos hyper-réacs ont été publiés dans L’Hebdo du 20 août dernier sous la plume d’Alain Jeannet lui-même. Dans la suite de son éditorial, ce dernier tente de se rattraper en appelant à ne pas «adopter des postures réactionnaires», à ne pas «prôner un illusoire âge d’or de l’enseignement» et à réformer les «difficultés orthographiques les plus anachroniques». Mais c’est peine perdue: le début de son texte nous a fait plaisir.