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Locavores

Jean-Pierre Sueur
La Nation n° 2173 23 avril 2021

Le printemps marque le retour sur les étals des magasins d’une série de légumes et de fruits de chez nous. Ce n’est pas un hasard si la notion de «manger local» est de plus en plus au goût du jour. Acheter des produits de saison régionaux ou du pays est un gage de fraîcheur, d’alimentation diversifiée. C’est aussi l’occasion de faire d’intéressantes redécouvertes.

Nous avons certainement tous remarqué, en parcourant les rayons fruits et légumes, que l’on peut trouver de tout, et toute l’année. Pour satisfaire la clientèle, les supermarchés se font livrer de nombreux produits qui viennent de fort loin: des fraises d’Espagne ou des tomates du Pérou alors que, durant les mois de l’été, nos producteurs en proposent à profusion. Depuis quelques années pourtant, la tendance semble s’inverser avec une meilleure mise en évidence des produits locaux. C’est également l’effet de campagnes de sensibilisation politiques et médiatiques.

Il n’est pas très compliqué de modifier quelques-unes de nos habitudes pour mettre les aliments d’ici au cœur de notre assiette. Contribuant à faire vivre les entreprises qui nous sont proches, cela participe évidemment à la persistance de leur offre. Des chiffres de vente plus importants permettent à nos maraîchers et autres agriculteurs d’approcher leurs coûts de ceux de leurs concurrents internationaux. Economie locale et consommateur local, chacun y gagne. C’est du win-win, comme on dit aujourd’hui.

Prendre son temps et choisir intelligemment les produits fermiers et artisanaux de sa région, c’est d’abord préserver une agriculture maraîchère. C’est ensuite choisir une manière saine et souveraine de produire et de se nourrir. Cela permet aussi de rencontrer des producteurs à la ferme ou sur les divers marchés où ils ont un stand. De rencontrer des commerçants qui aiment leurs produits parce qu’ils savent d’où ils viennent. Une telle démarche personnelle est sans doute plus plaisante et plus instructive que de pousser son chariot, en fin de semaine, dans un supermarché bondé.

Les produits frais de saison sont au maximum de leur qualité. Sélectionnés localement, ils n’ont transité au plus que sur quelques kilomètres avant de vous tenter dans votre assiette. De surcroît, et ce n’est pas négligeable, nos produits locaux sont souvent moins emballés: économie de carton ou de plastique et cela contribue à réduire les déchets. L’environnement, notre porte-monnaie et les finances régionales y trouvent leur intérêt.

Qu’y a-t-il de mieux pour célébrer la culture alimentaire de notre région et pour soutenir les marchés à la ferme de notre contrée qui mettent à notre disposition, toute l’année, des produits frais et de saison? Ces nouvelles habitudes garantissent aussi une occupation dynamique de nos terres agricoles, puisque l’argent que nous dépensons pour une saine alimentation circule localement. Cela permet enfin de préserver notre patrimoine, le savoir-faire de nos agriculteurs, la diversité des cultures et notre paysage.

Finalement, le fait de favoriser des aliments proches de chez nous et de soutenir l’agriculture nous permet également de soutenir notre souveraineté alimentaire.

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