Un atlas historique de la Suisse
Un nouvel atlas a paru il y a quelques mois aux Editions Livreo-Alphil, à Neuchâtel: Atlas historique de la Suisse, L’histoire suisse en cartes, de Marco Zanoli et François Walter. Le premier a réalisé les cartes, sur le modèle graphique qu’il a utilisé pour les cartes de Wikipédia – on constate la ressemblance et la qualité, avec ses couleurs vives –, et le second est le savant professeur de Genève, auteur notamment d’une Histoire de la Suisse en cinq volumes. Le précédent atlas historique suisse était celui d’HektorAmmann et Karl Schib et datait de 1951. C’est dire qu’on ne se lance pas souvent dans ce genre de défi!
Le nouveau recueil remonte à la préhistoire, et c’est trois millénaires qui se déroulent au long des 111 cartes, réparties en 25 sections. Nous nous sommes parfois moqué de ces cartes de la Suisse primitive où n’étaient représentés que les premiers cantons, avec du blanc tout autour, comme si rien d’autre n’existait que cette sorte d’oasis confédérale au milieu du désert. Ici le reproche serait infondé: la plupart des cartes générales présentent la situation de notre Confédération avec ses voisins, généreusement, de Florence à Bruxelles et de Marseille à Vienne. Bravo! On se rend compte qu’au cours de l’histoire, le territoire actuel de la Suisse a souvent été écartelé entre des ensembles bien plus vastes, et que la construction de 1815, qui rend permanente une situation qui se forme déjà au cours du XVe siècle, reflète un vrai puzzle de destins fort différents. Les cartes de la section du Moyen Age sont particulièrement stimulantes à cet égard.
Nous avons aussi été frappé par les cartes qui présentent la formation des cantons de 1803, parfois morcelés à l’extrême comme c’est le cas de la Thurgovie ou de Saint-Gall, très différents du Tessin ou du Canton de Vaud, pour lequel on comparera les territoires des pages 55 et 135 (voir aussi pp. 78-79). Les cartes dont le titre commence par «Le développement territorial de la cité-Etat de…» montrent que les frontières compliquées des cantons que nous connaissons ont un fondement historique ancien. Pour le Jura, sujet actuel, on constatera la complexité de l’histoire dans les mosaïques très précises des pages 143 et 183.
Les textes, exacts et accessibles, commentent les cartes; ils présentent la complexité extrême de «l’histoire suisse», ou plutôt le développement des nombreux espaces politiques qui appartiennent aux royaumes, duchés, comtés et autres principautés, au détriment desquels les villes aristocratiques et commerçantes de la Confédération se tailleront des espaces importants, les futurs cantons suisses.
Pour les XIXe-XXIe siècles, les cartes montrent clairement les aménagements de détail des frontières (la vallée des Dappes), mais aussi les grands mouvements que sont l’industrialisation, les voies de communication, le suffrage féminin, sans oublier l’histoire européenne autour de notre pays.
Voilà un ouvrage majeur pour tenter de comprendre le riche passé de l’actuel territoire suisse.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Entre croissance et décroissance – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Plaidoyer pour le viricide – Jean-François Cavin
- Essai non définitif sur l’esprit de poésie – Daniel Laufer
- Locavores – Jean-Pierre Sueur
- Les «Savoies en Pays de Vaud»: Lausanne dans les mutations du XIIIe siècle – Edouard Hediger
- Atlas – Simon Laufer
- Le terrorisme ne justifie pas de centralisation – Félicien Monnier
- Occident express 80 – David Laufer
- La gauche raisonnable… et l'autre – Jean-François Cavin
- CO2: une loi étatiste et trompeuse – Lionel Hort
- Coupable égale barbouillable – Le Coin du Ronchon