La gauche raisonnable… et l'autre

Dans Domaine public électronique, M. Jean-Daniel Delley critique la position des socialo-syndicalistes qui refusent l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes dans l'AVS tant que l'égalité salariale ne sera pas pleinement réalisée: Un tel blocage relève de la politique du pire. Ce n'est pas en laissant la situation de l'AVS se dégrader que l'on accroît les chances d'une réforme favorable aux personnes pour qui l'AVS reste la ressource principale au moment de la retraite, principalement pour les femmes. […] Espérer par ailleurs que le refus de l'augmentation de l'âge de la retraite puisse être un gage qui permette la réalisation de l'égalité des salaires est une illusion. […] Autant ce combat (celui de l'égalité salariale) est important, autant il est vrai qu'il se livre de façon décentralisée (dans les entreprises) et qu'il n'aboutit pas par un simple acte législatif. Contrairement à la réforme de l'AVS qui, ayant essuyé des échecs successifs, ne peut plus attendre.

A l'inverse, Mme Léonore Porchet, conseillère nationale verte, pense qu'il faut refuser d'égaliser l'âge de la retraite tant qu'on n'aura pas mis fin à toutes sortes de désavantages dont, selon elle, les femmes souffrent: non seulement elles touchent des salaires moindres à travail égal (ce qui est de moins en moins le cas, n.d.l.r.), mais elles assument dans le ménage une bien plus grande part de la besogne non salariée; travaillant souvent à temps très partiel, elles n'ont guère accès au deuxième pilier; elles sont actives dans des branches où la rémunération est plus basse; après la retraite, elles continuent de se sacrifier en qualité de «proches-aidantes»; etc. Il faut donc, avant de toucher à l'âge de la retraite, régler cette montagne d'inégalités. Autant dire qu'on ne réformerait pas l'AVS avant les calendes grecques.