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Le PLR et le fédéralisme

Jean-François Cavin
La Nation n° 2256 28 juin 2024

Cybersécurité

Mme de Quattro, conseillère nationale PLR, s’alarme des ravages possibles de la cybercriminalité. Elle a donc demandé au Conseil fédéral, lors de la dernière session parlementaire, de créer une «hot line» ou une plateforme de conseil au niveau de la Confédération. Il s’agit, indique-t-elle dans 24 heures, d’élargir l’aide et l’assistance à la population, de disposer d’une instance spécialisée au service des victimes; la plupart des mesures existantes se concentrent sur l’économie, les institutions, les infrastructures critiques, les universités. Tout un chacun ne serait pas assez informé et protégé.

L’auteur de ces lignes a été récemment visé par un «hammeçonnage», déjoué avant qu’il y ait atteinte à son patrimoine. Il a informé la police, en téléphonant au poste communal. L’agent qui lui a répondu, et qui se serait aussi bien occupé d’un accrochage ou d’un chien écrasé, ne l’a pas dirigé vers un spécialiste, mais lui a lui-même posé les bonnes questions et donné d’utiles conseils.

Parlant de cet épisode autour de moi, j’ai constaté que la plupart de mes interlocuteurs étaient assez bien renseignés; mes enfants, actifs dans deux entreprises différentes, ont bénéficié d’une formation complémentaire sur la cybersécurité le même mois. L’Etat de Vaud dispose d’un service de renseignement et d’assistance, avec un site internet opérationnel. Il n’y a pas besoin d’un bureau fédéral supplémentaire; mais une parlementaire fédérale, quand elle veut agir, se tourne naturellement vers l’administration centrale, alors que pour les Vaudois, le dispositif vaudois suffit.

Enseignement

M. Thierry Burkart, conseiller aux Etats d’Argovie et président du PLR suisse, visant à redéfinir les fondements et les objectifs de son parti en difficulté électorale, veut l’engager sur le thème de l’éducation. Sur sa proposition, l’assemblée des délégués du 22 juin a adopté une résolution énumérant 17 «champs d’action» destinés à renforcer l’école obligatoire. Cela va de l’abandon, total ou partiel, de «l’école inclusive» à la priorité de la première langue (les langues étrangères n’étant au programme, sauf exception, que dès le secondaire), en passant par l’interdiction des smartphones en classe, la chasse au «wokisme», le renforcement de l’histoire suisse et du civisme, et bien d’autres mesures souhaitables.

Tout cela est fort sensé et nous applaudirions des deux mains à un tel programme du PLR vaudois. Mais l’offensive est enclenchée au niveau suisse et la Confédération n’a pas de compétence, heureusement, en matière d’école obligatoire. Il faut s’en tenir strictement à ce principe dans notre Confédération plurilingue et pluriculturelle. Même si les «17 champs d’action» sont formulés avec une certaine élasticité et ne prévoient aucune mesure législative, il n’en reste pas moins qu’ils visent à modeler d’en haut les écoles cantonales.

Interrogé par 24 heures sur cette initiative de son coreligionnaire, M. Frédéric Borloz, patron de l’école vaudoise, ne dénonce pas le risque institutionnel d’une intrusion fédérale, mais on sent bien qu’il n’adhère pas. Sur l’ «école inclusive», il rappelle que son principe est inscrit dans la loi, tout en ajoutant que son application est problématique; sur la deuxième langue, il considère que l’apprentissage de l’allemand fait partie des compétences de base. Il se démarque volontiers du programme du président Burkart, mais sans le contester de front, avec la souplesse dialectique qui caractérise notre ministre.

Une « vision » … sans Cantons

Constatant ces deux cas de tendance centralisatrice, on est amené à se demander ce que le PLR pense au fond de notre structure politique. On se reporte donc à des documents fondamentaux de ce parti. Dans sa «Vision», on découvre que les notions essentielles de sa doctrine sont: «Liberté, Cohésion, Innovation». En lisant les trois pages bien remplies de ce credo, on ne trouve aucune mention du fédéralisme. Le principe de subsidiarité y est évoqué, mais pour souligner le rôle de la famille et de la «société». Le mot de «Canton», avec ou sans majuscule, n’y apparaît pas une seule fois.

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