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Vaud, ses taxes, ses tox’

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2256 28 juin 2024

Beaucoup de gens disent que le sommet international pour l’Ukraine qui s’est tenu au Bürgenstock n’a servi à rien. Ce n’est pas tout à fait exact. La Suisse s’est offert ainsi une méga-promotion touristique et de nombreux voyageurs du monde entier vont désormais vouloir venir voir nos beaux paysages. La seule chose qui importait, c’était qu’on voie la Suisse et qu’on l’associe à quelque chose d’exceptionnel.

On peut se faire la même réflexion à propos de la ville de Lausanne, qui, à peu près au même moment, a été déclarée «capitale de la consommation de crack» – ce dérivé de la cocaïne qui provoque des effets violents et immédiats. Cette consécration repose sur des bases scientifiques: les mesures fédérales des eaux usées confirment que les égouts de la capitale vaudoise sont bien plus chargés en résidus de crack que ceux de Genève. Notre brave capitale s’est ainsi offert une belle promotion, qui l’aidera à attirer davantage de dealers et de toxicomanes – qui, sans cela, auraient peut-être filé au bout du lac.

Cette promotion s’inscrit dans un contexte de concurrence économique puisque la Ville de Lausanne a ouvert cette année son propre commerce de drogue, après Genève qui possède aussi le sien. Officiellement, on n’y propose pour le moment que du cannabis – du cannabis bio cultivé localement, en parfait alignement, donc, avec la stratégie cantonale d’économie circulaire. Mais on voit maintenant qu’il faut s’adapter à de nouvelles habitudes de consommation et les responsables des locaux d’injection lausannois – autre facette de la stratégie publique de promotion – admettent que la majorité de leurs usagers «sont bien des fumeurs de crack» et qu’on les aide même à transformer leur cocaïne – par souci de préserver leur santé.

Cette stratégie apparaît couronnée de succès puisque la capitale vaudoise figure désormais en tête de classement. Il n’empêche que si l’on veut rester dans la logique d’une production locale, il va falloir réquisitionner de sacrées surfaces pour faire pousser tous ces nouveaux «produits du terroir» – surtout si l’interdiction des produits phytosanitaires empêche d’obtenir un rendement raisonnable. Et c’est là que l’on commence à comprendre le lien logique que le Gouvernement cantonal a établi entre l’économie circulaire et la colline du Mormont: peut-être veut-on engager les néo-zadistes (qui s’accrochent encore aux branches, mais plus au terme de «ZAD» qui, selon eux, «peut être clivant» et résonne «de manière péjorative» – ce sont eux qui le disent, pas nous), peut-être veut-on les engager, donc, pour couvrir la célèbre colline de plantations exotiques et ravageuses destinées à alimenter la capitale. Notre beau Canton pourra alors s’enorgueillir d’un nouveau record: il ne sera plus seulement celui qui taxe le plus, mais aussi celui qui intoxique le plus.

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