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De la lance de saint Maurice à celle de la Ligue vaudoise

Jean-François Poudret
La Nation n° 1963 22 mars 2013

La lance de Saint-Maurice, qui figure sur les armoiries de notre mouvement, est familière aux lecteurs de La Nation et aux souscripteurs des Cahiers de la Renaissance vaudoise, mais bon nombre d’entre eux ignorent sans doute son origine et sa signification. La parution d’un riche ouvrage consacré au martyr d’Agaune1 nous donne l’occasion d’y revenir. En effet, une des trente contributions ici réunies est précisément consacrée à l’histoire de cet insigne, successivement emblème du pouvoir des rois de Bourgogne transjurane, puis des empereurs romains germaniques, enfin relique impériale aujourd’hui conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne avec les autres insignes impériaux2.

L’origine de cette lance, symbole du martyre de saint Maurice et de la légion thébaine, est controversée. Il est généralement admis qu’elle était en possession de Boson, roi de Provence couronné en 879, soit quelques années seulement avant Rodolphe Ier de Bourgogne (888). Le premier ayant abdiqué à la suite d’un sacrilège, la lance aurait passé en mains du second. Sa présence est signalée au Xe siècle tant en mains des rois de Bourgogne transjurane que des monarques germaniques. Symbole du pouvoir royal, elle est un objet contesté. A la fin de son règne, Rodolphe iii, qui meurt sans descendance, transfert son royaume avec la lance de saint Maurice, qui en est l’illustration, à Conrad le Germanique. Elle passe alors définitivement en mains des monarques allemands et ne concerne plus l’histoire vaudoise.

C’est dans la brochure intitulée La Ligue vaudoise aux étudiants, aux gymnasiens et aux normaliens, parue en 1936, que nous avons trouvé la justification du choix des «armes de la Renaissance Vaudoise» et, plus particulièrement, de la lance de saint Maurice. On lit en effet que par ses triples insignes, «l’écu rappelle les trois périodes de notre histoire qu’avec Juste Olivier nous devons considérer comme des périodes de liberté, les trois périodes durant lesquelles le Pays de Vaud s’est peu à peu constitué».

Durant la première période, correspondant au Royaume de Bourgogne transjurane (888-1032), «le Comté de Vaud […] va devenir le centre politique d’un Etat rhodanien s’étendant jusqu’à la Méditerranée». La «Croix blanche» de la Maison de Savoie représente la deuxième période, longue de plus de trois siècles (1219-1536), «époque où le Pays de Vaud est devenu une patrie». Enfin, la couleur verte introduisait une troisième période, celle du Canton souverain dès 1803, soit plus de deux siècles jusqu’à nous. Mais la souveraineté cantonale a-t-elle pour autant subsisté? On peut en douter, ce qui remet en question le fractionnement tripartite de notre histoire. L’auteur anonyme de notre brochure en doute lui-même et de conclure: «Aux Vaudois de reprendre à la fois l’insigne du Pouvoir et ce Pouvoir lui-même.»

Notes:

1 Autour de Saint-Maurice, actes du colloque organisé en 2009 par la Fondation des Archives historiques de l’Abbaye de Saint-Maurice et l’université de Franche- Comté, 526 p.

2 Edina Bozoki, université de Poitiers, La légende de la lance de saint Maurice selon Godefroy de Viterbe, op. cit., p. 161-175.

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