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Jeanne d’Arc, la Française qui sauva l’Angleterre

Daniel Ueltschi
La Nation n° 1963 22 mars 2013

L’année 2014 s’annonce fatidique pour l’Europe. Des décisions importantes seront prises, qui auront des répercussions sur l’histoire du continent. Curieusement, ces décisions ne seront que marginalement influencées par les leaders à Berlin, à Bruxelles et à Francfort. L’événement clé aura lieu en Grande-Bretagne et verra les Ecossais voter sur un référendum (consultatif) à propos de leur indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni.

Ce sera le premier référendum de ce genre en Europe. Quelle que soit l’issue du scrutin, le principe d’autodétermination des peuples sera renforcé, surtout si l’Ecosse réalise son indépendance. A Madrid, Bucarest, Bratislava, voire à Paris et à Rome, les inquiétudes sont vives.

Pourquoi ce référendum aura-t-il lieu en 2014? Le premier ministre écossais, Alex Salmond, indépendantiste déterminé et homme d’Etat habile, a décidé de fêter ainsi le 700e anniversaire de la bataille de Bannockburn. En 1314, une armée anglaise forte de trois mille chevaliers et près de vingt mille fantassins, menée par le roi Edouard ii en personne, envahit l’Ecosse. En face, Robert de Bruce ne peut rassembler que cinq mille soldats aguerris et une piétaille hétérogène. La bataille a lieu les 23 et 24 juin; les charges anglaises se brisent sur les schiltorns, les redoutables piquiers écossais. Finalement, Robert ordonne la contre-attaque au moment propice et les Anglais sont en déroute. Edouard s’enfuit au galop. La légende de Robert de Bruce est née. On raconte qu’ayant été provoqué par Humphrey de Bohun, Robert le coupe en deux en combat singulier. (L’Anglais s’en est remis, il mourra huit ans plus tard, en 1322.)

Si l’Ecosse veut l’indépendance, c’est donc qu’elle a été conquise? Mais quand? Certainement pas en 1314. Et après, pas davantage! En fait, c’est plutôt l’Angleterre qui aurait été conquise par sa voisine d’outre-marches. Lorsqu’Elisabeth ire décède sans héritier direct, le plus proche parent est le roi d’Ecosse, Jacques Vi. Son accession au trône est délicate mais il devient Jacques Ier d’Angleterre en 1603. Bien que les deux royaumes restent distincts, ils sont unis par la personne de leur souverain. Le roi vit désormais à Londres. Lors du règne d’Anne (1702-1714), la question de la succession se pose et elle est compliquée par des querelles religieuses. Il n’est pas sûr que le choix de Londres (la maison de Hanovre) soit aussi le choix d’Edimbourg. L’Acte d’union est alors signé en 1707 et les deux royaumes d’Angleterre et d’Ecosse deviennent le Royaume-Uni. Au vu des réalités démographiques et économiques, l’Ecosse s’estompe.

Et Jeanne d’Arc, dans tout ça? En fait, la situation de l’Angleterre vis-à-vis de la France, durant la guerre de Cent Ans, est très similaire à celle de l’Ecosse vis-à-vis de l’Angleterre, deux siècles plus tard. Le roi Henri Vi, fort du succès des armes anglaises et selon le traité de Troyes de 1420, aurait dû hériter de son grand-père Charles Vi le royaume de France, lequel, bien plus riche et plus peuplé, aurait rapidement absorbé l’Angleterre. Aujourd’hui, les Anglais mangeraient des grenouilles plutôt que du bacon. En aidant le dauphin à se faire sacrer Charles VII, roi de France, Jeanne a empêché l’union des couronnes et a ainsi aidé l’Angleterre à préserver son indépendance.

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