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Au sujet de la dispute de Lausanne

Ernest Jomini
La Nation n° 1971 12 juillet 2013

Notre article «Suivez le guide» commentant l’événement représenté par le vitrail rappelant la Dispute de Lausanne (1536) a incité deux de nos abonnés à nous faire part de remarques et questions pertinentes. Tout d’abord M. Jean-Louis Jacot-Descombes, de Bôle (NE) ne partage pas le jugement trop sévère porté sur les interventions de Blancherose et nous donne des informations intéressantes sur ce personnage:

[…] En fait ce Dr Claude Blancherose avait été un temps médecin du prince évêque de Lausanne Sébastien de Montfaucon. Intervenant courageusement lors de la Dispute, malgré l’interdiction faite aux catholiques de s’exprimer, il fut meilleur qu’on a bien voulu le dire, sur plusieurs points. Je n’en citerai qu’un seul: celui de la présence du Christ accompagnant la célébration de la Cène.

[…] Originaire de Franche-Comté, il avait passé de nombreuses années à Lyon, ville qu’il admirait. Il fut semble-t-il un temps médecin du roi de France et médecin de la princesse d’Orange, Philiberte de Luxembourg, comtesse de Charny, 2e femme de Jean de Châlons, prince d’Orange et Seigneur d’Arlay. […]

Ainsi donc justice est rendue à Blancherose dont certaines interventions furent moins farfelues que nous ne l’avions affirmé.

Un autre abonné, M. le pasteur Pierre Marguerat à Lausanne, nous écrit:

[…] Une phrase… m’a intrigué et fait quelque peu sursauter: «On peut regretter que les ecclésiastiques présents ne se soient pas rangés à la sage position des chanoines.»

En 1536, le Concile de Trente se préparait dans la douleur. Il ne débutera, comme vous le mentionnez, que neuf ans plus tard. Les protestants d’Allemagne firent le choix de ne pas y aller. D’ailleurs, si je ne fais erreur, ils n’y furent pas invités. […] Réforme pour l’Église catholique, Contre-Réforme pour le protestantisme. Quand vous dites que les représentants de l’Église catholique en Pays de Vaud auraient mieux fait de refuser la Dispute de Lausanne et de s’en remettre au Concile, que pensez-vous qu’il se serait passé?

Comment voyez-vous les choses alors qu’on s’acheminait vers un Concile qui allait réfuter sur le fond l’essentiel des thèses protestantes? […]

Nous reprenons ici une partie de la réponse que nous avons adressée à M. Marguerat. Ce que les chanoines ont dit était juste du point de vue catholique. Accepter de discuter c’était reconnaître à LL.EE. le pouvoir de décider en matière de foi. On sait combien l’intrusion du pouvoir politique en cette matière a été nocive pour l’Église dès le IVe siècle. Par ailleurs, même si les catholiques s’étaient montrés brillants dans la controverse, la décision finale des Bernois aurait été la même.

Nous sommes pleinement d’accord avec M. Marguerat pour dire qu’en 1545, au début du Concile de Trente, la division confessionnelle ne pouvait plus être évitée. Les diverses Églises protestantes s’étaient organisées et l’Église catholique abordait le Concile dans l’esprit de la Contre-Réforme. En outre, les politiques étaient de plus en plus impliqués dans les divisions confessionnelles, ce qui compliquait encore les choses. Les chanoines étaient en droit de penser qu’en 1536 il était peut-être encore possible de discuter en Concile. Ce qui est certain, c’est que l’Église catholique a beaucoup trop tardé à réunir le Concile.

Au XXe siècle un certain nombre de théologiens des deux confessions, dans le cadre du mouvement œcuménique, sont parvenus à des accords concernant la justification par la foi ou les rapports entre l’Écriture et la Tradition. Est-ce que cela n’aurait pas été possible aussi en 1525 ou même en 1536?

A ce sujet M. Jacot-Descombes nous apporte un complément d’information très intéressant, en rappelant qu’en 1536 on avait annoncé «la réunion du prochain Concile, convoqué à Mantoue par le pape Paul III pour le mois de mai 1537». Ceci donne encore plus de poids à la position des chanoines qui ne pouvaient pas savoir que la date d’ouverture du Concile serait encore retardée.

Merci à nos correspondants de leurs remarques et de leur intérêt pour l’histoire vaudoise.

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