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D’un ordre à l’autre

Olivier DelacrétazEditorial
La Nation n° 1971 12 juillet 2013

Les autorités vaudoises viennent de lancer l’opération Strada, qui vise à casser le marché de la drogue dans le Canton. Durant les deux années qui viennent, les trafiquants de drogue seront harcelés méthodiquement dans les rues où ils se montrent et dans les appartements où ils se cachent. La chaîne pénale, police, tribunaux, prisons, sera renforcée à chaque maillon: organisation plus cohérente et plus rapide, augmentation du personnel et des moyens financiers.

D’ores et déjà, la présence accrue de la police dans les rues dissuade pas mal de petits larrons à l’affût d’une occasion. Elle engendre du même coup un sentiment de sécurité qui rend la vie plus douce.

Au-delà de l’acte de force, Strada présente aussi un aspect proprement éducatif. Exprimant avec intransigeance le fait que la population n’accepte plus certains comportements, elle ramènera à l’ordre tous ceux qui commettent des «incivilités» par laisser-aller plus que par méchanceté.

Dans la foulée, nous attendons impatiemment une procédure pénale moins paperassière que l’actuelle, qui réduira l’administratif et laissera plus de place à l’engagement sur le terrain. Et nous attendons encore qu’on remplace les peines pour rire par des peines réellement pénibles, parce que la réhabilitation, première étape de la réinsertion, est à ce prix.

La vraie chance, pour un néo-délinquant, n’est pas de profiter d’une trompeuse «seconde chance», mais d’apprendre le plus vite possible qu’un délit se paie.

Voici plus de quarante ans que les esprits forts de la gauche, les cœurs faibles de la droite et les adeptes du tout-compassionnel méprisent et rejettent l’ordre public, sous prétexte qu’ils y discernent les prémices du totalitarisme. Ils prennent leur retraite ces temps-ci, et personne ne les regrette.

Apparemment, la génération qui leur succède, et qui a souffert de leurs inepties libertaires, recommence à considérer l’ordre dans les rues comme une condition essentielle du bien-vivre en société et du respect d’autrui.

La satisfaction que nous en éprouvons ne doit pas nous empêcher de voir qu’il y avait naguère plus d’ordre dans les rues et beaucoup moins de policiers.

C’est que cet ordre exprimait un ordre intérieur aux personnes. Le respect pour autrui ne dépendait pas prioritairement des contraintes policières. Il découlait d’un comportement réputé bon et appris dès l’enfance par l’éducation. Sur le fond, les gens n’étaient sans doute pas meilleurs, mais la vie sociale était plus aisée, compréhensible et courtoise. La police protégeait cet ordre relativement pacifique, elle ne le créait pas, elle ne s’y substituait pas.

En d’autres termes, la délinquance de rues et le trafic de drogue ne doivent pas nous dissimuler les formes, plus discrètes mais plus profondes et non moins nocives, du désordre qui mine peu ou prou toutes nos institutions.

Ainsi, le désordre dans les familles appelle d’évidence une opération Casa, incomparablement plus difficile et de plus longue haleine que Strada. Une opération Scuola s’impose également: puisque l’État démocratique s’arroge une compétence scolaire, discutable sur le fond, mais inévitable dans un régime d’opinion, au moins qu’il n’empêche pas les enseignants de faire leur travail en les accablant de réformes à la noix! Amministrazione referait d’une bureaucratie par trop autonome une administration au service de l’État, des communes et des citoyens. Chiesa ne serait pas superflue non plus.

Quant à nous, nous sommes tout disposés à collaborer aux opérations Stato, qui restituerait au Canton de Vaud ses compétences légitimes, et Nazione, qui recréerait l’unité vaudoise par delà les divisions partisanes.

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