Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Quand on ignore tout de l’histoire vaudoise…

Yves Gerhard
La Nation n° 1977 4 octobre 2013

A propos de la présence à Lausanne des Gardes suisses du Vatican, on a pu lire dans Bonne Nouvelle de septembre, p. 2, les lignes suivantes: Les anciens gardes suisses du pape se réunissent à Lausanne les 31 août et 1er septembre. Un retour aux sources, pour cette très ancienne armée qui trouve son origine dans notre capitale vaudoise. Le fondateur de cette troupe, le futur pape Jules II, avait été évêque de Lausanne de 1472 à 1476. Il avait pu apprécier la valeur des Suisses. C’est donc vers eux qu’il s’est tourné pour constituer sa garde personnelle de 150 hommes, en 1506. Que de bêtises en si peu de lignes! Commençons par Jules II: en effet, avant d’être élu pape en 1503, Julien de la Rovère a été évêque du diocèse de Lausanne de 1472 à 1476, après trois ans de vacance. Durant ces années «lausannoises», où se trouvait notre évêque? Il menait des campagnes militaires dans les Etats du Pape, à Lodi, en Lombardie, à Spolète et Città di Castello, en Ombrie, notamment. En 1476, il est à Lyon: Louis XI tenait à garder son hôte loin de Lausanne. Dans cette ville, il n’a jamais mis les pieds! Puis il fut, dès 1476, archevêque d’Avignon en même temps qu’évêque de Bologne…

Que se passait-il à Lausanne durant ces années? Rien d’autre que les Guerres de Bourgogne! Jacques de Savoie, comte de Romont, était le prince du Pays de Vaud savoyard, à l’intérieur duquel étaient enclavées les terres épiscopales. Il était l’allié des Bourguignons. Soudoyés par Louis XI, les Confédérés déclarent la guerre à Charles le Téméraire. En 1475, les Suisses s’emparent de Grandson, d’Orbe et d’Echallens, puis d’Aigle et du Chablais. En automne enfin, ils déclarent la guerre au comte de Romont: Avenches et Payerne sont prises, Estavayer pillée et ses habitants massacrés. Lausanne est rançonnée par les troupes suisses: un riche butin est ramené à Berne après quinze jours de dévastations. Les Bernois placent Jean- Rodolphe d’Erlach pour administrer l’évêché et gouverner les terres romandes.

Après la défaite de Grandson, en 1476, Charles le Téméraire installa son camp à Lausanne, aux Plaines-du- Loup. Il quitta le Pays de Vaud après la défaite de Morat, et les Bernois, devancés par le comte de Gruyère, pillèrent les villes vaudoises, Lausanne comprise, incendièrent et ravagèrent les châteaux, églises et couvents. C’est grâce à l’intervention du roi Louis XI que les Bernois ne purent occuper à ce moment déjà le Pays de Vaud et les terres de l’évêché.

Massacres, violences, pillages, rançons: voilà comment notre Pays «avait pu apprécier la valeur des Suisses»! Enfin, si Jules II a choisi les mercenaires suisses pour assurer sa protection, c’est parce que les Confédérés, durant les Guerres d’Italie, avaient toujours soutenu le pape et particulièrement le «pape-soldat», fondateur de la Garde suisse pontificale.

Références:

Francis Aerny, L’Evêché de Lausanne, Cabédita, 1991; L’Histoire vaudoise, tome 4 de l’Encyclopédie vaudoise, 24 heures, 1973; et pour ses récits terrifiques, Paul Budry, Le Hardi chez les Vaudois, dans le tome I des Œuvres, ou en livre de poche dans la collection Poche Suisse à L’Age d’homme, 2009, ou dans une édition plus ancienne.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: