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Une définition de la propriété

Jean-François Pasche
La Nation n° 1990 4 avril 2014

Après deux semaines d’interruption, les entretiens du mercredi ont repris le 12 mars, avec Pierre Bessard pour invité. Notre conférencier était déjà venu nous présenter, en janvier 2013, l’institut libéral, dont il est le directeur. Cette fondation cherche à favoriser la réflexion et la recherche autour de la doctrine libérale et son application. La notion de propriété, qui tient une place centrale dans le libéralisme, était le sujet de cet entretien.

Dans la doctrine libérale défendue par M. Bessard, la propriété ne se réduit pas à la possession d’un bien foncier ou mobilier. La première propriété de l’individu est celle de sa vie, de son corps et de ses capacités. L’activité productive définit la propriété de tous les biens matériels; l’homme produit des biens qu’il peut échanger contre d’autres biens.

Dans le libéralisme, il n’y a pas de hiérarchie entre les biens matériels; leur importance et leur valeur sont relatives à leur utilité et à leur rareté.

Toute possession acquise par le labeur est légitime, et son propriétaire devrait pouvoir décider de s’en séparer librement. Toutefois, le libéral continuera de respecter des règles de juste conduite issues du climat social et des traditions, principalement de l’éthique judéo-chrétienne. Trois des dix commandements – tu ne tueras pas; tu ne voleras pas; tu ne convoiteras pas les biens d’autrui – définissent la propriété.

Chaque homme accepte ces règles, s’il est raisonnable, d’où leur légitimité inaliénable, fondant le caractère lui aussi inaliénable de la propriété. La propriété permet de gérer les rapports des hommes entre eux, de garantir les libertés individuelles, tout en les délimitant; cela précise le modèle libéral, selon lequel «la liberté d’un individu s’arrête là où commence celle des autres». Les atteintes à la liberté et à la propriété sont nombreuses.

Selon notre conférencier, l’Etat en est le premier auteur, par les lois liberticides qu’il édicte. Les exemples sont nombreux. Cela commence par la spoliation légale des richesses au moyen de l’impôt et des taxes; cela continue par la redistribution forcée des richesses et cela finit par les échanges automatiques des données fiscales. Tout ceci porte préjudice à la prospérité. Selon le libéralisme, l’Etat ne devrait pas forcer l’individu à donner ses richesses. De lui-même, ce dernier est capable de comprendre que la société nécessite ses dons volontaires, ses libéralités, selon ses capacités. Pour garantir sa générosité, l’Etat ne doit en rien le forcer légalement.

Tout comme les libéraux, nous n’aimons pas beaucoup payer nos impôts. Surtout, nous estimons que le don forcé par la loi a l’effet pervers de rendre l’homme encore plus égoïste. En effet, payer taxes et impôts à l’excès revient à déléguer l’exercice de la charité à l’Etat, qui, vu son éloignement, risque de redistribuer les richesses sans discernement. Finalement, l’individu est frustré de payer pour quelque chose qu’il ne veut pas ou dont il ne comprend pas l’utilité.

Par ailleurs, nous pensons que l’usage de la liberté doit se faire dans un cadre traditionnel de communautés naturelles, familiale, professionnelle et politique. Sans ces cadres, le libéralisme réduit la société à une poussière d’individus. Pour empêcher cela, la propriété privée doit être exploitée dans une perspective de bien commun; c’est-à-dire que l’individu devrait toujours garder en vue le bien de la communauté à laquelle il appartient. M. Bessard nous a semblé en accord avec cette idée.

A mercredi prochain.

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