«La bêtification de masse»

Dans sa «Chronique: Au-delà des propagandes» (L’Hebdo du 20 mars), M. Jacques Pilet cite le journaliste chevronné Peter Scholl-Latour («une légende du journalisme allemand»). Ses prises de position suscitent la réflexion. Voici en particulier ses vues sur l’Ukraine:

[…] Depuis la fin de l’URSS, les Américains et beaucoup d’Européens ne cherchent par l’élargissement de l’UE et de l’OTAN qu’à ratatiner et humilier la Russie.

Aujourd’hui elle se rebelle. Certes Poutine n’est pas un grand démocrate, mais cette partie du monde n’a jamais connu la démocratie et il lui faudra du temps pour s’y mettre. «Est-ce vraiment aux Allemands de donner des leçons alors qu’ils ont commis le crime le plus abominable de l’histoire? Est-ce vraiment aux Américains de prôner le droit international alors qu’eux-mêmes l’ont violé à tant de reprises et le font encore? Aller tuer de prétendus ennemis avec des drones dans plusieurs pays arabes, est-ce conforme au droit?» L‘annexion de la Crimée le laisse froid. «Il est clair qu’elle est russe, toute son histoire le prouve.» Quant à l’Ukraine, elle devrait, selon lui, se transformer en une fédération pour tenir compte de la diversité et maintenir l’équidistance entre la Russie et l’Union européenne. Les sanctions? «C’est une politique grotesque!»

Lui qui a raconté le monde aux Allemands pendant six décennies, il se sent bien seul à défendre sa vision. Parce que «nous vivons à l’âge de la bêtification de masse (Massenverblödung) à travers le système médiatique qui propage une image unilatérale du monde, à preuve l’Ukraine et la Syrie». Trop de journalistes ne font que relayer l’opinion dominante sans se poser trop de questions.[…]

Ce n’est pas nous qui le contredirons.