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Ceci n’est pas un pastiche

Daniel Laufer
La Nation n° 2008 26 décembre 2014

On pourrait imaginer qu’un plaisantin, d’origine valaisanne par exemple, s’amuse à tourner en ridicule les défenseurs des loups sous la forme d’une fable. Il aurait eu bien tort, car Jean de la Fontaine l’a faite avant lui, d’une manière il est vrai assez alambiquée, non point au nom d’une écologie qui n’était pas de son temps, ni non plus d’une quelconque idéologie, mais dans la perspective grecque du titre de cette fable: 

 

Rien de trop

Je ne vois point de créature

Se comporter modérément.

Il est certain tempérament

Que le maître de la nature

Veut que l’on garde en tout. Le fait-on? Nullement.

Soit en bien, soit en mal, cela n’arrive guère.

Le blé, riche présent de la blonde Cérès,

Trop touffu bien souvent, épuise les guérets,

En superfluités s’épandant d’ordinaire,

Et poussant trop abondamment,

Il ôte à son fruit l’aliment.

L’arbre n’en fait pas moins, tant le luxe sait plaire!

Pour corriger le blé Dieu permit aux moutons

De retrancher l’excès des prodigues moissons.

Tout au travers ils se jetèrent

Gâtèrent tout, et tout broutèrent,

Tant que le Ciel permit aux loups

D’en croquer quelques-uns: ils les croquèrent tous;

S’ils ne le firent pas, du moins ils y tâchèrent.

Puis le Ciel permit aux humains

De punir ces derniers: les humains abusèrent

A leur tour des ordres divins.

De tous les animaux l’homme a le plus de pente

A se porter dedans l’excès.

Il faudrait faire le procès

Aux petits comme aux grands. Il n’est âme vivante

Qui ne pèche en ceci. «Rien de trop» est un point

Dont on parle sans cesse, et qu’on n’observe point.

(Livre IX, XI)

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