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Apogée comptable

Cédric Cossy
La Nation n° 2016 17 avril 2015

Analysant dans ces colonnes les comptes 2014 et le budget 2015 de l’Etat de Vaud1, nous pronostiquions un excédent de l’ordre du demi-milliard avant écritures de bouclement pour l’exercice 2014. Nous étions encore trop modestes en regard des 599 millions annoncés par Pascal Broulis à fin mars.

Les charges nettes croissent pourtant de 3,7% ou 322 millions, l’augmentation étant principalement engloutie par le social (+114 millions), la santé (+64 millions) et les frais de personnel (+61 millions / +314 équivalents plein temps). Cette hausse ne peut pas être attribuée à celle de la population vaudoise (+1,6 %), encore moins à l’inflation (-0,3 %) enregistrées durant l’exercice. L’Etat continue donc d’engager de nouvelles dépenses. Ceci a d’ailleurs poussé M. Broulis à affirmer que «nous sommes dans le top des cantons qui dépensent le plus. […] Nous sommes aussi un des derniers cantons à accorder des annuités automatiques à notre personnel».2

Si notre argentier vaudois se permet cette remarque, c’est que, pour la première fois en dix ans, la progression quasi-magique des recettes n’a pas compensé les dépenses. Si l’imposition des personnes physiques augmente tout de même de 2,5 %, les rentrées provenant des personnes morales baissent de 2,7 % et les revenus conjoncturels de 11 %, tous effets amenant une hausse très modérée de 0,8 % des recettes totales. Avec la suppression du taux plancher pour l’euro en janvier et la mise en place de la réforme de l’imposition des entreprises, les revenus de l’Etat vont très probablement baisser en 2015. Il est par contre certain que les charges n’évolueront pas spontanément dans la même direction.

L’excédent 2014 aidera certes à garder, pour un moment encore, les chiffres dans le noir. A l’exception de 130 millions réservés pour la dernière tranche de la recapitalisation de la CPEV (voir encadré), les écritures de bouclement 2014 anticipent certains amortissements pour 348 millions et réservent 121 millions à titre de préfinancement de projets. Ceci devrait alléger d’autant les charges des années à venir.

Une bonne nouvelle tout de même: les investissements d’infrastructure, que nous appelons de nos vœux depuis plusieurs années pour le développement du Canton, décollent enfin. Espérons que ce ne sera pas le premier poste à subir des mesures d’austérité!

L’année 2014 représentait probablement l’apogée des finances vaudoises. Au début d’une année qui s’annonce conjoncturellement difficile, il faut s’attendre à une baisse des revenus simultanée à une nouvelle hausse des coûts sociaux. Les taux d’intérêts inférieurs à 1 % offrant la tentation d’un endettement à bon compte, il faudra du courage et de l’énergie à M. Broulis et à ses collègues de droite pour simplement enrayer la progression des dépenses. Car, rappelons-le, si l’endettement peut être admis pour financer des projets, il est à proscrire dans la gestion du ménage courant de l‘Etat.

Notes:

1 La Nation n° 1992 du 2 mai 2014 et n° 2004 du 31 octobre 2014.

2 24 heures du 28 mars 2015.

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