Saints
Qu'est-ce qu'un parpaillot peut penser de la rubrique quasi quotidienne de 24 heures «Le saint du jour»? Un parpaillot qui ne révère guère que trois saints, Augustin pour son intériorité si ardente, Thomas d'Aquin qui met si bien toute chose à sa place et Jean-Sébastien dont les fugues nous ouvrent les portes du paradis?
Il y a du pittoresque dans ces histoires de martyrs qui, plutôt que de renier leur foi, chantent louange tout en se faisant arracher les yeux et couper la langue, ou qui, décapités, poursuivent leur chemin la tête sous le bras jusqu'à un arbre mort qui reverdit soudain. Il y a quelque chose d'attendrissant dans l'application des hagiographes à inventer l'incroyable, six ou dix siècles après des événements qui ne se sont probablement jamais produits. Même si on peut se lasser, à la longue, de ces pieuses affabulations sur de pieux personnages qui s'entendent à faire chanter les belettes et pleurer les pierres.
Mais il y a une chose dont on ne se lasse pas: la découverte de leurs prénoms. Crépinien, Nicostrate, Simpronianus, Castorius, Nunilon, Philotée (sans h après le t), Willibrord, Philonille et Zénaïde: voilà un gisement de prénoms originaux qui pourrait inspirer les parents d'aujourd'hui, trop tentés par la mode des Luca, Noah, Emma et Chloé. A quand un Amâtre Amaudruz, un Angilbert Aubert, une Burgondofare Burnet, un Expédit Vittoz, une Herménégilde Hermenjat, un Baudime Baudat et un Gorgon Gorgeat?
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Politique statisticienne – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Collaboration (fiscale) – Olivier Delacrétaz
- Félicitations – Rédaction
- Vérité – Jacques Perrin
- L’administration au pouvoir – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Nelson Mandela – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Texte prétexte – Daniel Laufer
- Droit national et droit international – Jean-François Cavin
- Qu’est-ce qu’un chef-d'œuvre? – La page littéraire, Jean-Blaise Rochat
- Juvenilia CXV – Jean-Blaise Rochat
- Canard – Cédric Cossy
- Juvenilia CXVI – Jean-Blaise Rochat
- Le Rom à moitié discriminé ou le Rom à moitié non discriminé – Le Coin du Ronchon