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Le Conseil d’Etat soutient la caserne de Moudon. Et le Gripen?

Félicien Monnier
La Nation n° 1988 7 mars 2014

Le 13 février, le gouvernement vaudois a communiqué sa position sur le «plan de stationnement» lié au projet de développement de l’armée (DEVA). Ce plan de stationnement correspond en gros à la liste des casernes et places de tir qui seront supprimées par le DEVA.

Le DEVA a pour but d’obtenir une armée mieux équipée et plus disponible. Cela passe par une réduction de l’effectif à cent mille hommes, accompagnée d’une légère augmentation de budget. Avec une aussi petite armée, l’obligation de servir est presque vidée de sa substance. la composante de défense est réduite au statut minimal de «savoir-faire». Dans l’ordre des priorités, les missions sont: aider, protéger, défendre.

Pour l’instant, les changements les plus controversés dans l’opinion ne portent pas sur ces questions stratégiques. une réduction d’effectifs ne va pas sans supprimer des casernes et autres places d’entraînement. la fermeture de l’aérodrome militaire de Sion et de sa place d’armes, dont certaines des casernes sont déjà vides aujourd’hui, a été annoncée. Ces fermetures ont déjà fait couler beaucoup d’encre. On craint en effet de nombreux licenciements.

Dans le Canton, la place d’armes de Moudon devrait être fermée. Le sort de la place de tir controversée de Vugelles-la-Mothe est incertain.

Dans son communiqué, le Conseil d’Etat s’oppose à la fermeture de la place de Moudon. Il argue à ce propos que cette fermeture n’est pas justifiée, d’autant que l’armée prévoit de transférer les activités moudonnoises à la caserne de Chamblon, laquelle serait agrandie à grands frais pour l’occasion. Il ne donne pas plus d’arguments.

La raison de l’opposition n’est vraisemblablement pas d’ordre militaire. Des rumeurs tenaces poussent à penser qu’il y a un arrangement entre le Département fédéral de la défense et l’Office fédéral des migrations (ODM). Dans le cadre du dégraissage lié au DEVA, Armasuisse mettrait à disposition de l’ODM certaines casernes désaffectées pour y installer des centres de requérants d’asile. Moudon fait partie de ces casernes.

Par sa prise de position, le Conseil d’Etat trouve un moyen politiquement correct, et rusé, de s’opposer à l’implantation d’un nouveau centre de requérants dans le Canton. Si la fin est louable, le moyen est un peu étrange. La défense nationale n’est pas un prétexte permettant d’éviter les affrontements émotionnels que provoquera l’annonce d’ouverture d’un nouveau centre de requérants.

De plus, le communiqué laisse transpirer une manière de gêne du gouvernement en matière militaire. En cause sont les nuisances sonores provoquées par certaines places d’armes. Que le Canton soit prêt à réexaminer le cas de Vugelles «en fonction de la baisse des effectifs liés à la structure DEVA» est symptomatique. Vugelles est une vieille et petite place de tir. La question est bien plus épineuse pour l’aérodrome de Payerne. En cas de suppression effective de l’aérodrome de Sion et surtout d’acquisition du Gripen, Payerne va prendre une importance certaine dans la géographie militaire helvétique. Or, les problèmes de voisinage liés à la place broyarde sont bien connus. Les fameux horaires de bureau de nos forces aériennes y sont intimement liés.

Ces questions de voisinage, et les prises de position publiques qu’elles suscitent chez nos élus, sont toujours assez ambiguës. Il est parfois difficile de ne pas y voir une position antimilitariste peu franche. Les milieux écologistes sont en particulier sensibles à ces arguments. Depuis longtemps, le GSsA rappelle que l’armée pollue…

Le prochain scrutin fédéral va donc être un test pour la position militaire du Conseil d’Etat. Renseignements pris auprès du Département militaire vaudois, l’acquisition du Gripen apportera à l’aérodrome de Payerne une plus-value certaine. Plusieurs centaines de postes de travail qualifiés y seront ouverts. L’intérêt économique du Canton est réel. Ce seul argument devrait justifier l’appui public de nos ministres de gauche au nouvel avion.

Mais il y a plus. A l’heure à laquelle nous mettons sous presse, les récents événements en Europe de l’Est projettent le spectre d’un conflit militaire de haute intensité. Qui eût cru à une invasion russe de la Crimée il y a un mois? En tant que représentant d’un canton souverain et membre de l’alliance militaire fédérale, notre Conseil d’Etat ne peut se permettre le silence sur le Gripen. La sécurité de la Confédération est notre sécurité. Nous espérons que notre gouvernement saura s’exprimer d’une même voix en faveur du Gripen.

Nous verrons donc en mai si le soutien apporté aux troupes sanitaires de Moudon trouvera un écho cohérent dans un soutien à l’armée tout entière.

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