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Un film russe en hommage au général Jomini

Pierre-Gabriel Bieri
La Nation n° 2021 26 juin 2015

Comment se fait-il qu’un portrait du général Antoine-Henri Jomini, pourtant engagé dans l’armée de Napoléon lors de la campagne de Russie en 1812, figure au Palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg, aux côtés des trois cent trente deux généraux russes qui ont versé leur sang pour l’empereur Alexandre Ier ? C’est sur cette question que débute un film documentaire d’une quarantaine de minutes produit en 2014 et consacré au célèbre Vaudois. Ce film, qui a bénéficié du soutien du Consulat honoraire de Russie à Lausanne, a été projeté le 28 mai dernier à Pully1.

Pour compléter la narration (en russe et sous-titrée en français dans la version mise à disposition par le Consulat), la parole est généreusement donnée à plusieurs historiens – dont Jean-Jacques Langendorf – afin de retracer le parcours de Jomini, engagé militairement au service de la France et rapidement remarqué par ses observations et ses écrits, et d’expliquer la situation particulière dans laquelle il s’est trouvé lorsque, à la faveur d’une période d’alliance entre les deux empereurs, il s’est vu décerner un brevet de général de brigade de l’armée russe – avant que Napoléon, pressé de le voir rester à son service, lui accorde le même grade. Durant la campagne de Russie, cette position délicate poussera Jomini à rester à l’écart des batailles. Ayant manifesté son scepticisme à l’égard d’une guerre contre une nation, c’est-à-dire contre un adversaire qui possède à la fois une et tout un peuple, il se contentera essentiellement de conseiller Napoléon, notamment lors de la retraite pour le franchissement de la Bérézina.

Confronté à de la méfiance et à des rivalités au sein de l’armée française, Jomini passera en 1813 au service de la Russie. Il s’efforcera de vivre ce revirement avec honneur, sans porter atteinte à ses amis, tout en apportant une précieuse collaboration à l’empereur Alexandre Ier, que ce soit lors de diverses batailles ou dans le domaine de la formation des militaires. Mais là aussi, il se sentira parfois insuffisamment compris et considéré et reviendra plusieurs fois à Paris pour y poursuivre ses travaux d’histoire militaire.

«On doit le ranger parmi les Suisses les plus connus de Russie», déclare Arkadi Tcherepakhine, lieutenant-général de l’armée russe. A près de 2800 kilomètres de Payerne, on peut comprendre qu’on n’ait pas le réflexe de dire «Vaudois». Il n’empêche que le général Jomini a fait honneur au Pays en exerçant talentueusement son métier de militaire, à l’Est comme à l’Ouest de la grande Europe.

Notes:

1 Le général Jomini, par Constantin Kozlov, studio Natakam (de feu la réalisatrice Natalia Kamenetskaya), Saint-Pétersbourg 2014. La distribution de ce film en Suisse n’est malheureusement pas prévue; peut-être pourrait- il toutefois intéresser une chaîne de télévision?

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