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Jeunes socialistes, merci!

Ernest Jomini
La Nation n° 2021 26 juin 2015

On l’a appris récemment, le comité directeur des Jeunes socialistes suisses prône l’abolition du mariage. D’aucuns se sont effarouchés, à juste titre, face à cette proposition révolutionnaire qui ruinerait une institution séculaire indispensable à la vie en société. Pourtant, à y bien réfléchir, votre proposition, jeunes socialistes, n’est pas sans avantages.

Tout d’abord, elle fera apparaître aux yeux de la population la vraie nature de l’idéologie socialiste. Beaucoup de braves gens votent socialiste ou même s’inscrivent au parti parce qu’ils s’imaginent défendre ainsi tous les défavorisés de la société. Votre proposition doit leur ouvrir les yeux: ce que vise votre idéologie, c’est la destruction de toutes les communautés naturelles. Il ne doit plus y avoir que des individus face à l’Etat.

Parce que votre proposition aide à y voir clair: merci!

Vous n’êtes ni les premiers, ni les seuls à vouloir démolir la famille. Quand le conseiller fédéral Kurt Furgler réussit, au nom de l’idéologie égalitaire, à supprimer la notion du chef de famille, il mettait la machine en branle. Marcel Regamey, conscient du coup que ce démocrate chrétien portait à la communauté conjugale traditionnelle, annonçait alors: nous allons vers la suppression du mariage. Vous lui donnez raison. Toutes les réformes ultérieures du droit de la famille ont continué sur la même lancée. A peine un changement avait-il été voté qu’on amorçait l’étape suivante, si bien qu’on ne sait plus très bien où on en est. Il ne reste plus guère qu`à accorder aux homosexuel(le)s le droit de se marier. Vous brûlez la dernière étape en préconisant la suppression du mariage. Vous allez ainsi droit au but et nous épargnez des débats inutiles: merci!

La Constitution fédérale de 1874 imposée par les radicaux instaura l’état-civil. Jusqu’alors, les mariages se concluaient devant un ministre du culte, protestant ou catholique, et avaient valeur légale. Dès 1876, les ecclésiastiques n’eurent plus le droit de célébrer que les mariages conclus préalablement devant l’état-civil. C’était un coup porté consciemment à la liberté de l’Eglise. Par ailleurs, les dégradations successives du mariage civil, qui les éloignaient progressivement de la conception chrétienne du mariage, ont marqué les esprits. Ainsi beaucoup de gens ne comprennent plus les normes chrétiennes du mariage que l’Eglise tente de maintenir dans une société déchristianisée. La disparition du mariage civil aurait donc l’avantage de clarifier les choses.

Se marieraient désormais devant l’Eglise ceux-là seuls qui sont décidés à être unis «jusqu`à ce que la mort vous sépare». En opposition au mythe moderne de l’égalité, l’Eglise pourrait affirmer la vocation différente des époux au sein de l’union conjugale. Quel bienfait de restaurer la vocation du chef de famille telle que la décrit saint Paul. A l’image du Christ «qui a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle» (Ephésiens 5/ 25), il remplit ses devoirs d’époux et de père. L’exercice de l’autorité maritale est un acte d’amour et de sacrifice. Les féministes crieront au blasphème contre l’égalité en agitant l’épouvantail du mari tyrannique. Certes, il est exécrable. Mais le mari et père démissionnaire ne vaut guère mieux. Beaucoup de femmes pourraient en témoigner.

Un autre avantage de cette liberté retrouvée: l’Eglise pourra enfin trouver une solution à un problème difficile. Veufs et veuves, nombreux aujourd’hui, désireraient se remarier. Certes, rien ne les en empêche, si ce n’est que nos lois fiscales et les règles de nos rentes AVS ou caisses de retraites font qu’il en coûte de se marier civilement. C’est perdre des milliers de francs chaque année. Or, tout le monde ne roule pas sur l’or et on y regarde à deux fois. Alors, on se met en ménage, mais sans se marier. Beaucoup de personnes dans cette situation se sentent mal à l’aise. Elles sont croyantes et désireraient que l’Eglise accorde sa bénédiction à leur nouvelle union. Mais l’Eglise n’a pas le droit de le faire si le mariage civil n’a pas été conclu. La disparition du mariage civil rendrait donc toute liberté à l’Eglise de célébrer des mariages selon ses règles, qui ne sont pas celles de l’Etat. Ainsi donc, jeunes socialistes, en supprimant le mariage, vous libérez l’Eglise du carcan du mariage civil. Tel n’est pas votre but. Mais merci quand même!

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