Vision réaliste

La guerre civile en Syrie inspire à M. Jacques Pilet («Ravage de l’amnésie», L’Hebdo du 29 août) cette analyse qui nous semble perspicace:

Une couche supplémentaire de bombes, voilà ce que préparent les Occidentaux pour venir en aide au peuple martyr de Syrie.

Les désastres irakien, afghan et libyen n’ont pas suffi. Frapper au nom des grands principes puis laisser pourrir une situation qu’on ne contrôle plus: triste politique. […]

Aux dires des partisans du bombardement des positions tenues par l’armée de Bachar, cette riposte serait une punition pour l’usage des armes chimiques par le potentat syrien. Et si cet usage était le fait des rebelles islamiques?

[…] Un homme est de cet avis. Pas n’importe qui. Hans Martin Blix, le chef de la mission d’observation de l’ONU en Irak en 2002. Aucune arme de destruction massive n’avait été trouvée chez Saddam Hussein. Mais Bush ignora son rapport et déclencha les hostilités. Le Suédois a déclaré au micro de la Radio suisse romande que dans le cas de Damas, la plus grande prudence s’imposait. Jugeant «improbable» que le forfait soit le fait de l’armée syrienne. Comment expliquer dès lors que l’hypothèse d’une provocation ne soit pas envisagée un instant à Washington et à Paris? MM. Obama et Hollande ont dans le même temps affirmé qu’il n’y avait aucun doute sur la culpabilité du régime honni et qu’ils exigeaient une enquête onusienne.

A quoi bon puisque leur conviction est acquise? […]

L’analyse réaliste de M. Pilet nous démontre que l’enthousiasme journalistique pour «le printemps arabe» s’est considérablement refroidi. Ce qui n’empêchera peut-être pas le détenteur du Prix Nobel de la paix, Obama, et le socialiste français Hollande de lancer leurs missiles sur la Syrie – ils l’auront peut-être fait quand vous lirez ces lignes. Que ne ferait-on pas pour assurer le triomphe de la démocratie universelle?