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Pauvre Lausanne!

Yves Gerhard
La Nation n° 1983 27 décembre 2013

Pour la ville de Lausanne, l’année 2013 ne fut pas vraiment une bonne année: avec la disparition de plusieurs immeubles pourtant classés, par exemple le 39 avenue de la Gare, l’enlaidissement de certains endroits est programmé. Il existe dans notre capitale des quartiers qui, par leur unité et leur harmonie, valent beaucoup plus que chaque bâtiment isolé. Il suffit pour s’en rendre compte de survoler la ville en restant dans son fauteuil, grâce aux photographies aériennes d’André Locher, publiées dans le volume Le grand Lausanne vu du ciel (Editions Favre, 2010): les quartiers de Montagibert (p. 25), de Verdeil – Secrétan – Jaman (pp. 61 et 62), du Mont-d’Or – avenue de Milan (p. 74) ou de l’avenue Marc-Dufour – Languedoc (p. 76) méritent une attention particulière pour les ensembles structurés qu’ils forment. A certains endroits où les jardins ponctuent la rue, une seule démolition détruit le quartier et lui fait perdre son unité; puis la lèpre se propage peu à peu dans l’ensemble. C’est le cas tout récent de l’avenue des Bergières, côté sud (p. 80), où, dans la belle rangée de douze petits immeubles datant des années 1900, avec leurs toits variés, leur portail et parfois leur cage d’escaliers ornée de vitraux, le premier à l’est vient d’être démoli. Que va-t-il advenir de tous les beaux jardins donnant sur l’avenue de Collonges? Vont-ils être «densifiés» l’un après l’autre? On tremble. Le pire: le responsable de cette restructuration est membre du Conseil communal!

D’une façon générale, il ne faut pas compter sur les autorités pour défendre le patrimoine historique et les quartiers qui gardent comme tels un grand charme. Le haut du Mont-d’Or n’a été sauvé que par la ténacité opiniâtre des habitants eux-mêmes. La commune distribue les autorisations sans tenir compte de l’environnement bâti et des personnes qui y habitent. L’actualité nous en donne un exemple caricatural: la tour Taoua à Beaulieu. A grands renforts de publicité et de stands pour vanter les mérites de ce «signal fort» et montrer que la ville a l’ambition d’une métropole, les autorités ont encouragé la construction d’un bloc aussi monstrueux que prétentieux. Là aussi, les habitants des environs ont lancé un référendum contre le gigantisme, référendum qui a abouti. Et on espère que la démocratie directe fonctionnera correctement, et non comme dans le cas du bâtiment Perregaux, où on s’apprête à éliminer sans scrupule les restes pourtant substantiels, avec l’Atelier de la monnaie, d’un monument historique classé, qui a obtenu la note 1 à l’inventaire (photos de Locher, pp. 10 et 14). Les autorités cantonales, de même, condamnent sans état d’âme les halles des locomotives (p. 44), auxquelles elles avaient attribué la note 2 à l’inventaire, la même qu’au Palais de Rumine!

Merci à André Locher pour la promenade qu’il nous permet de réaliser dans son avion et pour les photographies aussi précises que déroutantes, même pour les connaisseurs! Certains ensembles, au milieu des quartiers sans caractère, restent magnifiques, tels la rue du Midi (p. 37) ou les immeubles entre les avenues de La Harpe et Floréal (p. 73).

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