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Mandela, en veux-tu en voilà…

Cédric Cossy
La Nation n° 1983 27 décembre 2013

La pause rédactionnelle des Fêtes est arrivée à point pour que les médias arrêtent de nous assommer de leurs commentaires dithyrambiques sur Nelson Mandela. On nous a servi sa capacité de résilience, son esprit d’ouverture, sa simplicité, ses qualités de négociateur, etc. Le Messie dont on vient de fêter la Nativité semble un bien pâle philanthrope face à feu M. le premier président noir de l’Afrique du Sud.

Sa biographie révèle pourtant un profil assez éloigné d’un homme de paix: il fut d’abord un communiste soutenu par Castro, formé militairement aux techniques de guérilla, fondateur de l’aile militaire de l’ANC. Le comparer à Gandhi, comme s’y sont osés certains journalistes, semble donc pour le moins tiré par les cheveux: Mandela, s’il n’avait été emprisonné en 1962, aurait vraisemblablement continué à utiliser les armes et la violence pour «libérer» son pays de manière sanglante.

Dans tous les hommages rendus, c’est à peine si le nom de Frederik de Klerk, pourtant co-récipiendaire du Nobel de la paix en 1993 avec Mandela, a été mentionné. C’est pourtant lui qui, comme dernier président blanc, a engagé des négociations avec l’ANC en exil, a autorisé le retour officiel de ce parti et de ses dirigeants, a libéré Mandela, pour enfin jouer les seconds rôles comme vice-président. La fin de l’Apartheid tient donc plus au pragmatisme de de Klerk qu’à l’activisme de Mandela: le pays était sous la pression internationale, notamment américaine, et les boycotts; il fallait négocier une issue à la fois économiquement supportable pour le pays et éviter une guerre civile généralisée. S’effacer derrière le charisme et la popularité de Mandela était l’amer prix à payer pour de Klerk.

De Klerk savait certainement que son nom ne serait pas retenu dans les livres d’histoire. Mais en dénonçant, il y a quelques années, les trahisons de certaines promesses faites par l’ANC, il s’est attiré l’antipathie des médias, qui semblent depuis s’être donné le mot pour que l’on oublie au plus vite l’acteur principal de la fin de l’Apartheid, trop peu conforme au mythe de la démocratie multiraciale servi à l’opinion publique internationale.

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