Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

L’héritage important d’un grand souverain dans un petit pays

Cosette Benoit
La Nation n° 1983 27 décembre 2013

Le 28 janvier prochain, nous commémorerons la mort, il y a 1200 ans, de Charlemagne. A cette occasion, le Musée national suisse de Zurich célèbre le souvenir et l’héritage de cet empereur qui a laissé une trace dans l’actuel territoire de notre Confédération par ses réformes et ses voyages.

Contrairement à la fâcheuse tendance de certains historiens ricanants qui aiment à casser du mythe et à se perdre dans des détails rébarbatifs pour le profane, les responsables de l’exposition «Charlemagne et la Suisse» rendent intelligemment hommage à ce grand homme, qui marqua de son empreinte le Royaume des Francs, et mettent en valeur le patrimoine carolingien suisse. Couvrant la période du règne de Charlemagne (771-814) jusqu’au Traité de Verdun (843), l’itinéraire proposé se veut instructif tout en étant divertissant. Cartes, projection d’extraits de films, enregistrements audio, exposition d’objets d’art, de trésors et de maquettes agrémentent la visite.

L’aménagement de l’exposition nous fait pénétrer dans l’atmosphère carolingienne au fil des salles plongées dans une semi-obscurité (conservation des documents oblige), sous de hauts plafonds imposants. C’est dans une pièce dorée, construite sur le modèle de la chapelle octogonale d’Aix-la-Chapelle, que les conseillers de Charlemagne donnent leur témoignage oral au moyen d’enregistrements audio très vivants qui présentent la diversité des origines et des savoirs des proches du souverain. Le parcours se poursuit dans des zones plus sombres qui rappellent l’impact de l’Empereur sur la réforme de l’écriture avec l’introduction de la minuscule caroline qui sert aujourd’hui encore de base à nos caractères imprimés. Certains moines et moniales avaient le rare privilège de savoir écrire et permettaient ainsi la conservation et la transmission du savoir par la copie de nombreux manuscrits antiques, notamment au scriptorium de l’abbaye de Saint-Gall. Situées le long des axes de passage vers les confins de l’Empire, plusieurs de ces institutions religieuses ont connu un essor important durant le règne de Charlemagne, d’autres virent le jour à son instigation; plusieurs d’entre elles servirent de foyers culturels importants. Le monastère bénédictin de Saint-Jean-Baptiste à Müstair (Grisons) est particulièrement à l’honneur dans l’exposition puisque c’est un des plus beaux vestiges de l’art carolingien grâce aux fresques et vitraux de l’église conventuelle. Cette partie de la visite est consacrée à la réforme religieuse de l’Empire, initiée par Pépin le Bref – père de Charlemagne – qui avait généralisé la règle de saint Benoît dans les couvents de son royaume.

De belles pièces architecturales, des manuscrits et plusieurs trésors d’art carolingien sont exposés dans une salle aux parois de pourpre qui illustre le renouveau artistique de l’Empire. Les dimensions importantes du royaume de Charlemagne, la circulation des érudits, des œuvres d’art et des savoirs ont permis un développement important de la création artistique qui se nourrit d’influences diverses tant antiques que byzantines ou encore celtiques. Les pièces exposées, minutieusement travaillées, riches en créativité et en matériaux précieux témoignent de l’opulence, de la diversité et de l’inventivité de la réforme carolingienne.

Une reconstitution 3D virtuelle montre les différents lieux de résidence de l’Empereur et de sa cour lors de déplacements sur leur territoire. Et puisqu’on ne peut pas parler de Charlemagne sans mentionner ses conquêtes militaires et son armée, une vitrine est consacrée aux épées, haches de guerre et lances de l’époque.

La dernière salle de l’exposition raconte Charlemagne après sa mort. Plusieurs mythes fondateurs autour de sa personne ont vu le jour, notamment à Zurich où un culte lui a même été rendu dès le milieu du XIIe siècle. Le Grossmünster acquit des reliques du souverain carolingien en 1233. L’Allemagne et la France se le disputent pour en faire leur père fondateur, mais l’Empereur ne fonda ni l’une ni l’autre puisqu’elles n’existaient pas à l’époque, faisant toutes deux partie du Royaume des Francs, tout comme le territoire actuel de la Suisse qui en était le centre géographique.

En cette période de congé et de fête où nous célébrons la naissance d’un Roi ressuscité, nous espérons vous avoir convaincus d’aller visiter cette exposition qui célèbre la mort d’un grand souverain temporel.

Notes:

(Landesmuseum Zürich, mardi à dimanche 10h00-17h00, aussi durant les Fêtes, sauf fermeture à 14h00 le 24.12. Exposition ouverte jusqu’au 2 février, www.nationalmuseum.ch/f/zuerich/ 

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: