L’histoire militaire suisse à l’honneur

Il faut saluer l’initiative prise par l’historien militaire Pierre Streit de réunir divers textes sous le titre Général Guisan. Ecrits de guerre (1939-1940) (Editions Cabédita, 2013). Comme le dit Philippe Barraud, dans son remarquable Commentaires.com du 22 novembre 2013, «Les Ecrits de guerre viennent montrer à quel point Guisan a été sans cesse soucieux de maintenir le moral, aussi bien celui de la troupe que celui de la population […]. On découvre dans ce recueil un homme de communication en avance sur son temps, qui avait parfaitement perçu la puissance de la radio et de la presse pour faire passer des messages.» Quant à la vivante préface du brigadier Philippe Rebord, elle souligne une nécessité plus actuelle que jamais: «Je suis frappé par le modernisme de notre dernier commandant en chef, qui mettait l’homme au centre, qui appelait ses officiers à plus de culture générale, à faire preuve de plus de bon sens, de moins d’esprit de routine et d’un sens psychologique plus éveillé.»

Ainsi s’est constituée, avec Le Général Guisan et l’esprit de résistance de Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit, et le P.C. du Général, de Bernard Barbey, tous trois aux Editions Cabédita, une trilogie qui rappelle avec force tout ce que nous devons à cet homme d’exception.

Mais il y a plus. Ces derniers temps, toujours chez le même éditeur, deux ouvrages apportent encore opportunément une autre dimension, très judicieuse, au passé militaire suisse du XXe siècle.

De Pierre Rochat: La garnison de Saint-Maurice. Un demi-siècle d’histoire militaire. Ce travail magistral poursuit un double but. D’une part, il est désormais la référence de premier ordre sur tout ce qui a trait au développement de cette troupe si particulière, et en même temps, il fait mémoire de l’esprit de la garnison, élément majeur de notre patrimoine historique, resté si vivant dans les troupes de forteresse. La Nation reviendra sur cet imposant ouvrage.

De Pierre-Antoine Goy: Mannerheim Maréchal de Finlande et allié de la Suisse. Cet ouvrage nécessaire rend un bel hommage à une haute figure de dimension européenne. Il nous rappelle qu’en 1939, la volonté de résistance de la Finlande face à l’envahisseur soviétique a enthousiasmé les Suisses et raffermi leur propre volonté de résistance. Il signale aussi ce fait peu connu: c’était la volonté du Maréchal que, par le biais du service de renseignement, «les expériences de l’armée finlandaise puissent servir l’armée suisse».

Si l’on ajoute à ces titres Une digue au chaos. L’armée des citoyens de Jean- Jacques Langendorf, avec la collaboration de Mathias Tuscher (Editions Cabédita), Servir pour être libres, ouvrage collectif, paru aux Cahiers de la Renaissance Vaudoise et l’Histoire des troupes de forteresse de la Suisse romande de Pierre Delévaux (Editions ASMEM), on conviendra que ce magnifique effort éditorial honore leurs auteurs et qu’il répond ainsi à un besoin d’information justifié et légitime. En cela, il nous aide, sur un autre plan, à donner vie à cette affirmation – «Il n’est pas interdit qu’un peuple soit fier de son passé…»